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ÉLÉVATION DU POUVOIR FRANÇAIS DANS L’INDE

frère, Mortiz-Ali, bien connu par sa lâcheté, sa cruauté, ses richesses et sa parcimonie. Le 2 septembre 1742, cet homme, se fiant au mépris que professait le nabab à son égard, saisit un moment où Sufder-Ali n’était que peu entouré, pour le faire empoisonner ; n’ayant pas réussi, il le fit tuer et se proclama nabab ; s’étant ensuite rendu maître de Vellore, il se fit reconnaître par les troupes et s’installa à Arcatie. Mais l’horreur qu’inspira son crime joint au mépris dont il était l’objet, ne le laissa jouir que peu de temps de cette dignité. Ses principaux officiers lui firent déclarer la guerre par Morari-Rao, gouverneur de Trichinopoly. Sa noblesse insurgée requit les Anglais de protéger la famille et les trésors de Sufder-Ali, tandis que l’armée, son seul appui, réclama tumultueusement sa solde arriérée. Mortiz-Ah, terrifié par ces événements et ne possédant pas un courage égal à sa perversité, courba la tête, se déguisa en femme et courut chercher un refuge dans le fort de Vellore. Aussitôt que sa fuite fut connue, on proclama nabab le fils de Sufder-Ali, Séïd-Mahomed Khan, enfant qui était auprès de sa mère à Madras.

Cet avènement ne pouvait assurer la tranquillité d’une province où chaque noble espérait à devenir indépendant. Au commencement de l’année suivante, Nizam-oul-Moulk, soubab du Décan, parut sur la scène avec une armée de quatre-vingt mille chevaux et deux cent mille hommes d’infanterie. Il devint aussitôt maître de la situation ; les nobles révoltés furent écrasés par la menace d’être châtiés par le fouet s’ils tentaient de s’arroger le titre de nabab, et l’un de ses principaux officiers, Khaja-Abdallah, fut désigné pour administrer la province. Le soubab marcha ensuite sur Trichinopoly que les Mahrattes évacuèrent sans coup férir ; ayant recouvré cette principauté au nom du Mogol, il revint à Golconde et y emmena Khoja-Abdallah.

Le soubab avait projeté d’envoyer cet officier l’année suivante pour reprendre la régence du Carnate, mais la veille de son départ il fut trouvé mort dans son lit. Anwaroudin, connu pour sa bravoure, fut désigné pour lui succéder comme régent et tuteur du fils de Sufder-Ali. Quelques mois après Séïd-Mahomed, Khan fut assassiné dans les fêtes d’un mariage auxquelles Mortiz-Ali, le meurtrier