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ANWAROUDIN, NABAB DU CARNATE

de son père, avait aussi été convié. Au milieu de la confusion Mortiz-Ali monta à cheval et entouré de nombreux cavaliers s’enfuit à Vellore. Le résultat de ces événements fut que Anwaroudin, qui n’avait aucune parenté avec l’ancienne dynastie, fut nommé nabab du Carnate.

Tel était l’homme auquel eut recours le gouvernement de Pondichéry dans les circonstances difficiles où il se trouvait. On lui rappela l’amitié qui avait toujours uni ses prédécesseurs à la nation française, l’appui moral et la protection efficace que leurs familles avaient trouvés à Pondichéry lors de l’invasion mahratte ; on fit allusion aux dispositions conciliantes qu’avaient toujours montrées les Français, à leur désir constant de vivre en paix avec ceux qui les entouraient, et on pressa le nabab de prévenir, par son autorité, l’agression de l’autre nation européenne qui occupait une portion de la côte du Carnate, envers ceux qui avaient toujours été les amis des nababs et dont le Gouverneur était lui-même officier et vassal du Mogol.

Anwaroudin ne resta pas insensible à tout ce qu’il y avait de force et de raison dans cet appel. Aucune des puissances européennes représentées sur la côte de Coromandel, n’avait montré jusqu’ici de tendances agressives, et la supériorité des soldats européens ne s’était pas affirmée sur le champ de bataille. Il était naturel qu’il désirât maintenir la paix dans sa juridiction et ses dépendances ; il est même probable, et les événements l’ont prouvé, qu’il était très-sensible à l’amitié, à la cordialité que les Gouverneurs de Pondichéry avaient toujours montrées. Il notifia donc au Gouverneur de Madras qu’il ne permettrait aucune attaque contre les possessions françaises sur la côte de Coromandel. Il essaya d’adoucir, par une démonstration de probité, ce qu’il y avait de despotique dans cette communication, car il informa en même temps M. Morse que, si plus tard la puissance française devenait prépondérante, il userait de la même autorité pour empêcher toute agression de sa part. M. Morse n’avait d’autre parti à prendre que celui de la docilité.

Quoiqu’il fût ainsi préservé d’une attaque immédiate, Dupleix n’en était pas moins dans une situation très-inquiétante ; l’escadre