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CHAPITRE IV


LA BOURDONNAIS ET DUPLEIX



Après avoir repoussé la flotte anglaise, l’escadre de huit vaisseaux que commandait La Bourdonnais mit à l’ancre devant Pondichéry dans la soirée du 8 juillet 1746. L’entrevue du Gouverneur et de l’Amiral fut cordiale[1]. Il n’y avait aucune raison pour qu’il en fût autrement, puisqu’ils visaient à un même but, but qui ne pouvait être atteint que par leur coopération mutuelle. La Bourdonnais avait un commandement indépendant sur mer, mais sur le continent indien, il était subordonné au Conseil supérieur de Pondichéry[2]. Cependant, Dupleix était tout disposé à lui abandonner la direction complète de l’expédition projetée contre les Anglais. Il désirait pardessus tout que les opérations fussent bien mûries ; et il devait naturellement être résolu à conserver entre ses mains la supériorité du pouvoir politique. Ainsi que nous l’avons vu, leur correspondance avait toujours été des plus amicales. Dupleix avait déclaré que l’honneur du succès appartiendrait à La Bourdonnais, et qu’il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour

  1. La Bourdonnais affirme dans ses Mémoires qu’il fut reçu par Dupleix d’une manière « peu décente » ; mais quand même cela eût été le cas, il ne semble pas, d’après leur correspondance, que cela ait altéré en rien les bons termes dans lesquels ils conférèrent dans les premiers jours qui suivirent l’arrivée de La Bourdonnais.
  2. L’ordre envoyé de Paris à La Bourdonnais, en 1741, portait que, tandis qu’en toutes circonstances, il commandait sur les mers, son contrôle sur les forces de terre, dans tout établissement français au delà des limites des îles, dépendait de l’autorité dont il pourrait être investi par les Conseils locaux.