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LA BOURDONNAIS ET DUPLEIX

des ordres positifs du Conseil dont, en vertu de sa commission d’Amiral, il était membre : il refusa de choisir entre les deux alternatives qui lui étaient présentées ; soit d’aller à la recherche de la flotte anglaise, soit de faire voile immédiatement sur Madras.

La prise de Madras avait toujours été regardée par les Français comme le premier fruit à recueillir d’un victoire décisive sur mer. Très-peu de jours après son arrivée à Pondichéry, La Bourdonnais écrivit une longue lettre, au sujet de ses plans, et il fit, en ces termes, allusion au projet concernant Madras : « Dès notre autre escadre de 1741, vous scavez, monsieur, que j’avais un dessein formé sur Madraz ; encouragé par M. Dumas, auquel j’avais confié mon projet, je vous le fis expliquer lorsque vous vîntes prendre possession de votre gouvernement ; vous l’approuvâtes et fîtes en conséquence des préparatifs que la paix rendit inutiles. Depuis la guerre, persistant dans mon premier dessein, je vous en ai fait part, en vous priant d’ajouter à nos anciens préparatifs, tous ceux qui peuvent faciliter notre réussite. Mon plan est donc de détruire et dissiper l’escadre anglaise, s’il est possible. La prise de Madraz en sera le fruit[1]. »

La réponse de Dupleix était empreinte du même esprit[2] : « Votre idée au sujet de Madraz est la seule qui puisse indemniser la Compagnie de toutes ses pertes et dépenses, rétablir l’honneur de la nation, et procurer à la colonie un fondement plus solide que par le passé ; cette entreprise est très-aisée et vos forces plus que suffisantes pour l’exécuter ; mais elle ne peut être tentée avec quelque sécurité avant que l’escadre anglaise soit détruite ou battue. » Quant au traitement à infliger à Madras, dans le cas où il tomberait entre ses mains, La Bourdonnais s’en était expliqué en écrivant le 17 juillet à Dupleix : « Si la fortune nous favorise que pensez-vous, monsieur, que nous devions faire de Madraz ? Pour moi, mon sentiment est d’en tirer les marchandises que nous y trouverons, pour les embarquer dans nos vaisseaux, et de rançonner le reste, car, quand nous bouleverserions toutes les pierres

  1. 17 juillet 1746.
  2. 20 juillet 1746.