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LA BOURDONNAIS CONSULTE DUPLEIX

est sûr qu’à la paix, la reddition de cette place seroit un des articles du traité. Le Roi la rendroit et la Compagnie n’en auroit rien.

Contre le second plan, la destruction de la ville, il arguait qu’il serait impossible d’empêcher les Anglais d’établir quelque autre comptoir également convenable pour leurs besoins, et à moins de frais qu’ils n’en payeraient volontiers pour le rachat de Madras. Il ajoutait alors que son opinion inclinait fortement pour ce dernier parti, et qu’il n’y aurait pas de difficulté à traiter ainsi, parce que le Gouverneur Morse était prêt à donner des billets sur l’Angleterre pour la somme qu’on demanderait, et à livrer huit et même dix otages jusqu’à ce que le payement fût opéré. Cette lettre fut portée à Pondichéry ainsi que la capitulation par M. Paradis qui commandait alors le contingent de Pondichéry. Le lendemain, La Bourdonnais écrivit à Dupleix, un court billet résumant ses arguments et demandant à être instruit des pensées du Gouverneur général, quant à la manière dont Madras devait être traité[1], et


    Mill, vol. III, page 49 note), « La lettre aux pvopriétaires explique la teneur des instructions de La Bourdonnais plus clairement que M. Mill ne l’avait fait. Il ne devait former aucun établissement nouveau ; et les seules alternatives en son pouvoir, au sujet de Madras, étaient de le rendre ou de le détruire. Le but de la Compagnie française des Indes-Orientales était d’améliorer au moins ses établissements déjà existants, avant d’en créer d’autres. Ainsi, lorsqu’il fut donné, cet ordre avait un but différent de celui que lui assigne ici La Bourdonnais. Mais la situation de 1746 était bien différente de celle de 1741. En 1746, il s’agissait d’un territoire qui, du moment qu’il devenait français par la conquête, tombait sous la domination du Gouverneur général de l’Inde française. Parce que, six ans auparavant, il lui avait été interdit de faire des conquêtes permanentes tandis qu’il commandait une croisière indépendante, pouvait-il à bon droit soutenir qu’il ne devait pas maintenant exécuter les instructions d’un supérieur investi de l’autorité suprême sur tout le sol indien déjà français ou pouvant le devenir. L’extrait suivant de la commission délivrée à Dupleix démontre clairement que son autorité avait bien cette étendue. Il était nommé : « Gouverneur des ville et fort de Pondichéry et autres postes qui en dépendent, et Président du Conseil supérieur, pour y commander tant aux habitants, commis de la dite Compagnie et autres employés qui y sont ou seront établis, qu’à tous Français et étrangers qui s’y établiront à l’avenir de quelque qualité et condition qu’ils puissent être ; ensemble aux commandants, gouverneurs, officiers et gens de guerre qui y sont ou pourront être en garnison. De plus, il lui est ordonné de faire tout ce qu’il jugera à propos pour la conservation des dits forts, établissements et comptoirs, et pour le commerce et la gloire de notre nom. « Mandons à tous nos sujets de quelque qualité et condition qu’ils soient, gouverneurs, commandants, officiers, soldats, habitants et employés de la Compagnie, de reconnaître ledit sieur Dupleix en ladite qualité de commandant des forts et établissements français dans l’Inde, de lui obéir sans y contrevenir en quelque sorte et manière que ce soitj à peine de désobéissance. » Les ordres d’octobre 1746 étaient encore plus catégoriques, quant à la suprême autorité du Gouverneur de Pondichéry sur le sol indien.

  1. Datée du 24 septembre 1746. Les propres mots étaient : « Faites-moi donc, monsieur, un plan suivi de la façon dont vous pensez que je doive traiter cette ville ; » demande