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LA BOURDONNAIS ET DUPLEIX

lui paraissait évident que, sans rintervention du nabab, Pondichéry aurait été anéanti. L’énergie supérieure et la bonne direction de l’Angleterre au dix-huitième siècle, ne pouvaient manquer de lui donner la conviction que, très-probablement, l’occasion se présenterait pour les Anglais de faire une nouvelle tentative dans des conditions plus favorables.

Dans ces conjonctures, quelles chances de succès pouvait-il avoir ? il n’en avait qu’une : c’était d’adopter la politique consacrée par le génie, la politique d’Alexandre, d’Annibal, de Gustave, en un mot de porter la guerre sur le sol ennemi et d’employer, pour l’écraser à tout jamais, les moyens mis à sa disposition d’une manière si merveilleuse et si inattendue. Une fois Madras en son pouvoir, le fort Saint-David ne résisterait pas ; alors, sur de la côte de Coromandel, Dupleix pourrait expédier une flotte au Bengale, pour détruire la colonie qui avait été la rivale de Chandernagor, et menaçait maintenant d’anéantir cet établissement, objet, plus que tout autre, de sa prédilection ; nous voulons parler de Calcutta.

Avec de telles vues, on peut se figurer quelle fut sa mortification quand il apprit que malgré ses précieux avertissements, malgré l’engagement positif pris avec le nabab, La Bourdonnais négociait encore pour la rançon de la place qu’il avait conquise. Il sentait que cela aurait un triste résultat, car, au moment où la flotte anglaise aurait recouvré sa supériorité dans les mers de l’Inde, événement sans cesse redouté de Dupleix comme de La Bourdonnais, une tentative aurait infailliblement lieu pour soumettre Pondichéry au sort de Madras, et, en cas de succès, les Anglais en tireraient le plus grand avantage.

Ce fut sous l’empire de ces idées que, le 25, il écrivit à La Bourdonnais une lettre dans laquelle, après lui avoir rappelé que, par les ordres du ministre, il était subordonné à l’autorité du Conseil supérieur de Pondichéry, il insistait sur la nécessité d’abandonner toute idée de rançon. « La rançon que vous pensez à demander pour Madraz, disait-il, n’est qu’un avantage momentané et incertain. Tous les otages que vous aurez ne contraindront pas la Compagnie anglaise d’accepter les traites que le Gouverneur aura pu