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PRÉTENTIONS DE LA BOURDONNAIS

nous donner, et lui qui est aujourd’hui prisonnier, dira probablement qu’il a agi ainsi par contrainte et pour se procurer la liberté, et la Compagnie dira comme lui. » Le même courrier porta à La Bourdonnais une lettre officielle du Conseil supérieur sur le même sujet.

Cette lettre, ainsi que le ton de supériorité qui y perçait, semble avoir décidé La Bourdonnais à agir. Il paraîtrait que, jusqu’au 25 septembre inclusivement, il s’était occupé de discuter avec le Gouverneur Morse et les députés les termes de la rançon. Le 26 au matin, il écrivit à Dupleix qu’il était presque d’accord avec le Gouverneur Morse sur les conditions, et qu’il ne restait plus que de légers différends à régler, et les termes du payement à fixer ; mais dans cette journée du 26 il reçut de Dupleix, non-seulement les lettres auxquelles nous avons fait allusion, mais une autre du Conseil en date du 24, l’informant que MM. Dulaurent et Barthélemy arriveraient ce jour même à Madras pour le complimenter sur son succès, et former avec MM. D’Esprémesnil, Bonneau, Desforges et Paradis, tous de Pondichéry, un Conseil dont il aurait la présidence. Son parti fut immédiatement pris. Il établit dans ses Mémoires, qu’à partir de ce moment, il n’eût plus de doutes sur les vues de Dupleix ; qu’il reconnut sa volonté de se rendre maître de Madras et des vaisseaux, afin d’en disposer selon son bon plaisir. Il résolut alors de combattre cette prétention à la suprématie.

Quoique le traité de rachat ne fût pas encore signé, il écrivit à Dupleix comme s’il l’eût été : « Je voudrais de tout mon cœur que ces messieurs fussent arrivés cinq ou six heures plus tôt. Il eût été temps de les instruire de ce qui se passait entre le gouvernement anglais et moi ; mais tout était conclu lors de leur arrivée. » Il ajoutait : « Si, cependant, ces messieurs veulent s’employer pendant leur séjour en cette ville, je leur trouverai de l’occupation. » En même temps il écrivait au Conseil et le prenait de haut, reconnaissant que les établissements alors français dans l’Inde étaient sous l’autorité du Gouverneur général de Pondichéry ; mais, ayant conquis Madras, il revendiquait le droit d’en disposer. En un mot, il repoussait toute subordination envers Pondichéry. Le lendemain il mit le sceau à ses déclarations, en envoyant à Madras la copie d’une con-