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LA BOURDONNAIS A RECOURS À LA FORCE

nais, et contre la restitution de Madras aux Anglais, comme mesure injurieuse à l’intérêt national et pleine de dangers pour Pondichéry.

Dès le matin du 2 octobre, six[1] des membres des nouveaux Conseils, l’un provincial, l’autre exécutif, accompagnés de leur premier employé, entrèrent à Madras et se rendirent au quartiergénéral de La Bourdonnais, qui les reçut et les conduisit dans la grande salle. Là, le général de Bury entama l’affaire en présentant à La Bourdonnais une lettre du Conseil supérieur, établissant qu’il était, lui, le général, autorisé à répondre à sa lettre du 27 septembre. Ensuite le commis lut à haute voix, devant un grand concours de peuple attiré par le bruit de cette scène extraordinaire, les déclarations et les protestations que nous avons énumérées.

Pendant cette lecture, on vit affluer dans la salle des officiers de tout grade, la plupart appartenant aux troupes que La Bourdonnais avait amenées des îles. Aussitôt que la lecture fut terminée, La Bourdonnais répondit qu’il ne reconnaissait dans l’Inde aucune autorité supérieure à la sienne ; que les ordres qu’il avait reçus de France se terminaient par une phrase spéciale, le laissant « maître de ses opérations[2] » M. D’Esprémesnil répliqua que l’autorité qu’il invoquait, n’invalidait en rien les pouvoirs confiés au Gouverneur général, et, par le fait, n’avait aucun rapport avec le sujet en question. La Bourdonnais était entêté, et, se sentant soutenu par un certain nombre de ses partisans, il prit un ton plus hautain, et menaça de frapper le général et de faire prendre les armes aux troupes qu’il commandait. — À l’ouïe de cette menace de s’armer les uns contre les autres, il s’éleva dans toute l’assemblée un cri d’indignation. Alors, La Bourdonnais assembla dans la pièce voisine un Conseil de guerre composé des officiers qui étaient venus

  1. MM.|D’Esprémesnil, Dulaurent, Barthélémy, Bruyère, Paradis et le général de Bury.
  2. Cela était indubitable et avait été reconnu par le Conseil de Pondichéry lorsque deux mois auparavant il l’avait pressé de prendre une décision ; quant à ces mêmes opérations, La Bourdonnais avait alors refusé d’agir à moins que le Conseil ne lui prescrivît une marche positive. On doit observer de plus, que le fait d’être maître de ses opérations, tout en le laissant libre de choisir son terrain, ne le relevait pas de sa subordination à l’égard du représentant de son souverain dans les territoires soumis à ce souverain.