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LA BOURDONNAIS ET DUPLEIX

aux Anglais ; ils envoyèrent aussi aux divers commandants des troupes la copie des ordres du Roi, conférant à Dupleix le pouvoir suprême dans l’Inde, mesure à laquelle, disaient-ils, ils avaient été forcés par la marche qu’avait adoptée M. de La Bourdonnais, contrairement aux ordres qu’il avait reçus de Pondichéry. Le 30, les trois Conseillers firent une seconde protestation et annoncèrent leur intention de se retirer à Saint-Thomé pour y attendre de nouveaux ordres de Pondichéry.

Ceci n’était que le prélude de mesures plus énergiques ; le 2 octobre, une commission composée du major général de Bury, de M. Bruyère, procureur général, et de M. Paradis, arriva à Madras armée de pouvoirs pour l’exécution des ordres donnés par Dupleix, comme représentant de son souverain dans les Indes-Orientales. Ils apportaient une déclaration émanée de Dupleix, au nom du Roi et de la Compagnie des Indes, déclaration qu’ils avaient ordre de lire publiquement à Madras, et affirmant entre autres choses que le traité de rançonnement ayant été fait « par la pure volonté et sans autorité légitime de M. de La Bourdonnais, et avec des prisonniers, qui nepeuvent s’engager pour d’autres que pour eux, surtout dans une affaire de cette importance, est nul de plein droit, que nous l’annulons et le regardons comme non avenu. » Une seconde déclaration de Dupleix, au nom du Roi, également apportée par la commission, créait un Conseil provincial au fort Saint-Georges, « pour rendre au nom du Roi, la justice civile aussi bien que criminelle à tous les habitants présents et à venir. » M. D’Esprémesnil en était nommé président, les membres étaient : MM. Dulaurent, Barthélémy, Bonneau, Desfarges, Bruyère et Paradis. Une autre ordonnance nommait M. D’Esprémesnil Commandant et Directeur « des ville et fort de Madraz pour, en cette qualité y commander sous nos ordres, tant aux officiers de terre que de mer, habitants dudit lieu, commis de ladite Compagnie et à tous autres Français ou étrangers qui y sont établis ou qui pourraient s’y établir, de quelque qualité et condition qu’ils puissent être. » Ils apportaient encore deux réquisitions, l’une du Conseil supérieur de Pondichéry, l’autre des principaux habitants de la ville, protestant, l’une et rjuitre, contre l’usurpation de pouvoir de la part de La Bourdon-