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PERTES CRUELLES SUBIES PAR LA FLOTTE

le Duc-d’Orléans était aussi perdu, un seul homme ayant été sauvé ; et qu’un autre vaisseau complètement démâté était en vue.

Le 16, le temps s’améliora, mais ce fut seulement le 17, que La Bourdonnais connut l’étendue de ses pertes. Des huit vaisseaux[1] qui avaient jeté l’ancre le 13 dans les eaux de Madras, l’Achille était le seul qui eût résisté, mais il avait couru de grands dangers, perdu deux de ses mâts et fait le sacrifice de seize canons de dix-huit. Le Neptune, complètement démâté, avait jeté à la mer quatorze canons de douze et avait dans sa cale sept pieds d^eau ; tout son chargement de hntin était avarié. Le Bourbon fut sauvé par un miracle ; il avait perdu son grand mât et celui de misène, avait aussi dû sacrifier quatorze de ses canons, et avait en outre éprouvé des avaries qui devaient le rendre impropre à la navigation. Le Phénix était perdu corps et biens. Le Duc-d’Orléans avait subi le même sort ; huit hommes de son équipage furent seuls sauvés. La Princesse-Marie était démâtée et l’eau s’élevait à huit pieds dans sa cale. La Marie-Gertrude et l’Advice avaient coulé. Donc, sur ces huit vaisseaux quatre étaient perdus, deux tout à fait incapables de naviguer et les deux derniers étaient tellement endommagés qu’il faudrait des efforts surhumains pour les mettre en état de reprendre la mer. La flotte française avait soudain cessé d’exister. La perte en hommes dépassait douze cents[2].

Ce fut au milieu de ces inquiétudes, avant même de connaître ses pertes, que La Bourdonnais reçut du Conseil supérieur la lettre du 11 octobre dont nous avons parlé et dans laquelle on refusait de fixer une époque pour l’évacuation des troupes françaises de Madras. Il paraît s’être attendu à cette réponse : « J’ai reçu du Conseil la réponse que j’attendais au sujet de l’affaire de Madraz. Je prendrai, je crois, le parti le plus simple, qui est de vous laisser copie de la capitulation, vous abandonner la terre, pour me donner tout entier à sauver les débris de nos pertes par mer. »

  1. L’Achille, le Boourbon, le Phénix, le Neptune, le Duc-d’Orléans, armés en guerre ; la Princesse-Marie, la Marie-Gertrude et l’Advice, trois bâtiments capturés sur les Anglais.
  2. Plus soixante hommes de la garnison anglaise qui étaient à bord du Duc-d’Orléans (Grose’s East Indies).