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PREMIÈRE LUTTE DANS LE CARNATE

défensive s’accrut du voisinage de cette ville dont le côté regardant la mer, était le seul non fortifié. Il était devenu, par suite de la capture de Madras, le siège du gouvernement anglais, et ses autorités étaient résolues à le défendre jusqu’à la dernière extrémité, dussent-elles s’il le fallait, réclamer le secours des chefs indigènes.

Il était grand temps qu’ils se préoccupassent de leur salut, car Dupleix avait arrêté que leur dernier refuge serait sa prochaine conquête. Après avoir traversé tant de vicissitudes, tant d’épreuves, ce grand homme d’État semblait toucher enfin au moment d’en recueillir les fruits. Madras était en son pouvoir ; il était libre désormais de toute crainte d’intervention de la part du nabab. Quelle barrière l’empêcherait donc de mener à bonne fin le projet qu’il nourrissait depuis si longtemps, d’expulser les Anglais de la côte de Coromandel ? Pour amener les choses où elles en étaient, il s’était exposé à tout ; et à une lutte contre La Bourdonnais et à la fureur du nabab. Maintenant qu’il se sentait libre de profiter de ses avantages et d’attaquer le fort Saint-David, il prit avec sa promptitude accoutumée la résolution de ne pas perdre un moment ; détermination urgente, car quelques mois de retard pouvaient lui faire perdre l’empire de la mer.

Dupleix résolut de confier le commandement de cette expédition à celui de ses officiers dont la capacité lui était le mieux connue ; nous voulons parler de Paradis. Il lui envoya des instructions pour qu’il ramenât à Pondichéry toutes les troupes dont il pouvait disposer, aussitôt qu’il aurait mis ordre aux affaires de Madras ; mais Paradis ne put se mettre en mouvement avant la fin de novembre. Ayant donc laissé dans la ville le gros de la garnison, il partit pour Pondichéry avec le butin de Madras, qu’escortaient trois cents hommes.

Ces démarches des Français n’avaient pas échappé à l’attention du nabab. Le mois qui s’était écoulé depuis la défaite de Mapliuz Khan, avait déjà suffi pour affaiblir dans l’esprit des Mogols la leçon qu’ils avaient reçue. Maphuz Khan surtout était impatient d’en effacer la tache. Il pensait ne pouvoir trouver une meilleure occasion de le faire que le moment où un corps de trois cents