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PARADIS, INGÉNIEUR DE PONDICHÉRY

fossé et d’un glacis imparfait[1]. Le côté qui regardait l’intérieur des terres était aussi défendu par des batteries basses pouvant recevoir plus de cent canons, et protégeait les approches de la ville de ce côté. Outre les défenses artificielles, il en existait une naturelle et très-efficace qui consistait en une épaisse haie de poiriers épineux qui, commençant au bord de la mer à un mille au Nord de la ville, l’entourait d’une enceinte semi-circulaire qui ne s’arrêtait qu’au fort d’Ariancopan sur le bord de la rivière du même nom, qui continuait la ligne de défense Jusqu’à la mer. Dans cette enceinte se trouvaient des bois si épais de cocotiers et de palmiers, qu’il eût été très-difiicile à des ennemis de s’y engager. Après avoir terminé les travaux d’Ariancopan, Paradis fut nommé ingénieur en chef des fortifications de Pondichéry, avec mission de les défendre.

On se rappelle que, lorsque les Hollandais attaquèrent les Français à Saint-Thomé en 1674, cette entreprise dut principalement son succès à ce que l’amiral hollandais réussit à persuader au roi de Golconde d’attaquer Saint-Thomé par terre, au moment où il l’attaquait par mer et que, comme pendant le siège de Pondichéry en 1693, les Hollandais avaient enrôlé à leur service un corps important d’indigènes ; Dupleix fut averti par le ministre que l’Angleterre observerait encore cette tactique, ferait les plus grands efforts pour gagner à ses intérêts les princes du pays et enfin que le commandant des forces anglaises était pourvu de nombreux présents pour ce but spécial.

Laissons un moment le Gouverneur français se consacrer à la défense des territoires qu’il commandait au nom de son souverain et chercher par tous les moyens à combattre et à atténuer l’effet que ces présents devaient, il ne le savait que trop, produire sur l’esprit d’Anwaroudin, et occupons-nous des mouvements de cette flotte, dont le départ d’Angleterre avait causé tant de perturbation et de trouble dans l’établissement français. Il est vrai que la Compagnie anglaise des Indes-Orientales, outrée de la perte de Madras, avait pris la détermination de n’épargner aucun effort pour en

  1. Les détails concernant les fortifications de Pondichéry et de son siège en ce qui se rapporte aux opérations des Anglais, ont été puisés dans le journal d’un officier anglais, témoin oculaire, ouvrage réimprimé dans le Asiatic Annual, Register, fév. 1802.