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PREMIÈRE LUTTE DANS LE CARNATE

reprendre possession, et que le ministère anglais, partageant les sentiments qui animaient la Cour des Directeurs, avait promis l’aide d’une flotte et d’une armée. Tous les préparatifs de départ étant terminés, le double commandement en fut confié au contreamiral E. Boscawen. Ce fut le second et dernier exemple, depuis la révolution de 1688, de cette réunion de deux commandements dans la même main.

L’amiral était un homme distingué par sa naissance et sa valeur personnelle. Il était petit-neveu du fameux Marlborough, et était entré dans la marine à l’âge de douze ans ; il avait passé honorablement par tous les grades inférieurs, et dès l’âge de vingt-six ans, il avait été nommé capitaine de vaisseau ; deux ans après, le bâtiment qu’il commandait fut compris dans la flotte avec laquelle l’amiral Vernon prit Porto-Bello, et échoua devant Carthagène. Quoique ces expéditions n’eussent pas été complètement heureuses, le capitaine Boscawen n’ayant perdu aucune occasion de se distinguer, s’était bientôt acquis une réputation de talent et d’initiative qui, jointe à sa haute naissance, le désignait pour un futur commandement.

Cette distinction ne se fit pas longtemps attendre. Quand l’Angleterre se fut décidée à frapper un grand coup pour venger la capture de Madras, Boscawen, qui ne comptait alors que trente-six ans, fut choisi pour commander l’expédition. Ses instructions étaient de s’efforcer d’enlever aux Français leur centre d’action, en s’emparant des lies de France et de Bourbon, et, qu’il y réussît ou non, il devait attaquer vigoureusement Pondichéry lui-même.

Le 15 novembre 1747, Boscawen quitta l’Angleterre, à la tête de huit vaisseaux de guerre et d’un convoi de onze navires portant quatorze cents hommes de troupes régulières. La plupart de ces vaisseaux atteignirent le cap de Bonne-Espérance le 9 avril 1748, les autres n’y arrivèrent que seize jours plus tard, et le 19 mai suivant, la flotto, grossie encore de six navires et de quatre cents soldats appartenant à la Compagnie hollandaise, fit voile pour les îles, que les vigies signalèrent le 4 juin.

L’Île de France n’eut opposé que peu de résistance à l’amiral ant ; lais, si elle fût demeurée telle qu’elle était en 1735. Mais, pen-