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PREMIÈRE LUTTE DANS LE CARNATE

facile victoire. Law, qui commandait la garnison, les laissa s’avancer jusqu’à quarante mètres des fortifications sans tirer un seul coup ; mais, arrivés là, ils furent reçus par une décharge de mitraille et de mousqueterie qui fit un grand ravage dans leurs rangs. Les Anglais, complètement surpris, n’ayant pas d’échelles de rempart, ne pouvant avancer et ne voulant pas reculer, restèrent un moment sur place. Mais le feu des Français, continuant toujours, leur fît comprendre qu’il y aurait folie à y demeurer plus longtemps exposés. Ils se retirèrent donc après avoir perdu cent cinquante hommes tués ou blessés. Ce succès eut le meilleur effet sur la garnison et rendit aux soldats la confiance que l’échec de Cuddalore avait ébranlée. Ils avaient des raisons d’espérer qu’une défense persévérante d’Ariancopan contribuerait fortement à sauver Pondichéry. Dans cette persuasion, ils s’occupèrent de jeter une batterie de gros canons sur l’autre rive de la petite rivière au Nord du fort, de sorte que l’ennemi qui s’avancerait serait pris en flanc et d’enfilade. De leur côté, les Anglais, après un ou deux essais infructueux, élevèrent aussi une batterie couverte d’un retranchement, afin de répondre au feu de l’ennemi de manière à le faire cesser, et la servirent en partie par des marins de la flotte. Law, voulant profiter de l’enthousiasme qui dominait encore la garnison, sortit du fort avec soixante chevaux et cent cinquante hommes de pied, et, sous la protection du feu de ses remparts, chargeant à la tête de ses cavaliers, renversa d’abord les marins, puis les soldats réguliers, les chassa du retranchement et fit quelques prisonniers parmi lesquels se trouvait l’illustre major Lawrence, auquel sa défense de Saint-David et de Cuddalore avait fait une réputation que l’avenir devait encore grandir.

Jusqu’ici les Français avaient grandement sujet de se féliciter du succès qui avait couronné leurs opérations défensives. Ils commençaient même à nourrir l’espoir qu’Ariancopan échapperait aux attaques de l’ennemi. Mais leurs espérances furent anéanties par un de ces accidents imprévus auxquels toute armée peut se trouver exposée : la poudrière du fort fit explosion, l’effet fut des plus désastreux, plus de cent hommes furent tués ou blessés ; dès lors le commandant, jugeant la défense impossible, fit sauter les murailles