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MORT DE PARADIS

et les autres ouvrages, et se retira à Pondichéry, qui était encore sous l’impression ou succès obtenu ; la coniîance était d’autant plus grande, qu’on voyait le commandant anglais agir avec plus de précautions. Après que les Français eurent évacué Ariancopan, il y entra, et au lieu de marcher immédiatement sur Pondichéry, il perdit cinq jours à réparer les fortifications de cette place, qui lui était inutile, et dont les Français ne pouvaient plus tirer aucun parti.

Le 6 septembre, Boscawen marcha sur Pondichéry, et prit possession d’une redoute située à l’angle Nord-Ouest du bois épineux dont nous avons parlé ; mais ce ne fut que le 10 qu’il arriva à environ quinze cents mètres du chemin couvert. Le lendemain, cent cinquante hommes furent chargés de s’établir à cent mètres plus près. Alors Paradis, à la tête de douze cents hommes de la garnison[1], fit une sortie pour attaquer les deux tranchées à la fois. Mais une blessure mortelle l’ayant renversé dans la mêlée, le désordre se mit dans sa troupe, qui fut repoussée après avoir perdu sept officiers et cent soldats ; sa mort fut le plus grand malheur qui put frapper Dupleix dans ces conjonctures. C’était le plus capable de ses officiers, le seul homme dont la prudence, le savoir et l’initiative réunis lui inspirassent toute confiance. Dans ses Mémoires il le dépeint comme « un homme d’intelligence, instruit dans sa profession, parfaitement familier avec le pays et au fait des défauts de la place, qui avait fait usage de tous les moyens pour opposer de la résistance à l’ennemi, particulièrement dans les points où les fortifications étaient plus faibles. » La perte d’un tel homme était d’autant plus grande que Pondichéry n’en possédait pas un autre qui pût prendre sa place sous les ordres de Dupleix, mais celui-ci donna la preuve que son grand génie était susceptible de se plier à tout et que même l’art de la guerre n’était pas hors de sa portée.

Une autre épreuve, moindre il est vrai, lui était encore réservée. Fidèle aux instructions qu’il avait reçues d’Angleterre, l’amiral Boscawen avait sans retard pressé le nabab de se déclarer ouverte

  1. Elle comptait dix-buit cents Européens et trois mille Cipayes.