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L’INDE FRANÇAISE À SON ZÉNITH

ne donnerons-nous aucuns détails sur l’expédition de Tanjore, que nous avons mentionnée dans le seul but de prouver qu’en mettant des troupes à la solde des princes indigènes, Dupleix n’avait fait que suivre l’exemple donné par les Anglais. Mais entre sa politique et la leur, il y eut cette grande différence que, jusque dans ses moindres entreprises, Dupleix agissait en vue d’un but bien déterminé, tandis que les Anglais n’eurent pendant longtemps qu’une politique d’aventure, et que bien des années se passèrent avant qu’ils adoptassent instinctivement le principe d’opposer en toute occasion, une vigoureuse résistance au développement de la puissance française.

Nous avons dit quel avait été le sort de Ghunda-Sahib à la suite de ses vains efforts pour défendre Trichinopoly contre l’armée de Raghogi-Bhonsla. Envoyé à Sattara, il avait été retenu prisonnier pendant sept ans, malgré toutes ses instances et quoique la nababie du Carnale eût passé de la famille de Dost-Ali, à laquelle il était allié, à une famille étrangère. Cependant, il ne semble pas que les Mabrattes eussent eu, pour agir avec cette rigueur, quelque motif politique ; c’était une simple question de rançon. Mais Chunda-Sahib n’avait pas exercé une autorité indépendante pendant assez longtemps pour lui permettre d’amasser de grandes richesses. D’ailleurs une partie de son trésor avait été enlevée lors de la prise de Trichinopoly, le reste était à Pondichéry, avec sa femme et son fils. Il était donc pauvre et complètement hors d’état de payer la rançon royale dont les Mabrattes faisaient la condition absolue de sa mise en liberté. Il voyait ainsi les royaumes changer de main, les années se succéder et l’oubli, sort ordinaire des souverains dépossédés, naître et grandir dans le cœur de ses sujets.

Enfin la fortune sembla cesser ses rigueurs : l’empereur de Delhi. Mahomed-Shah, étant mort en avril 1748, son fils aîné, Ahmed-Shah, fut appelé à lui succéder. Dans les premiers mois de son règne, les embarras que lui suscitèrent son homonyme et d’autres ennemis ne lui permirent pas de veiller avec toute la vigilance nécessaire à ce qui se passait dans la province lointaine du Décan. Le vice-roi de cette partie de l’empire, Nizam-oul-Moulk, arrivé à un âge très-avancé, avait suivi de près son empereur au tombeau.