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CHUNDA-SAHIB RECOUVRE LA LIBERTÉ

La faiblesse de l’autorité centrale, et l’usage, bien plus que le droit, avaient laissé cette vice-royauté devenir héréditaire. Or, en mourant, Nizam laissait cinq hh : l’aîné, Gazi-Oudin-Khan, occupait à la cour de Delhi un rang élevé, qui lui promettait un avenir trop brillant pour qu’il fût tenté d’aller revendiquer un héritage qu’il lui faudrait d’ailleurs conquérir par la force des armes. Le second, Nazir-Jung, avait toujours été en révolte contre l’autorité paternelle ; cependant il était rentré en grâce depuis quelque temps, et se trouvait auprès de son père lorsque celui-ci mourut. Les trois autres étaient des hommes de peu d’importance qui se contentaient d’une vie de plaisir à la cour d’Aurungabab. Mais, outre ces fils, il existait un petit-fils, né d’une fille de Nizamoul-Moulk, que son grand-père avait désigné pour lui succéder. Le consentement de Mahomed-Shah avait été préalablement obtenu, et à la mort de Nizam, la cour de Delhi publia un firman nommant Mozuffer-Jung vice-roi du Décan. Ce successeur légitime était alors dans son gouvernement de Bijapore, tandis que le fils rebelle se trouvait sur les marches du trône. Celui-ci se hâta d’employer les moyens usités de temps immémorial chez les Mahométans pour s’emparer du pouvoir. Il fit main-basse sur les trésors de son père, gagna les officiers de l’armée et, déclarant ne pas reconnaître les prétentions de Mozuffer-Jung, il se proclama soubab du Décan.

Mozuffer, qui ne se trouvait pas alors en mesure de soutenir efficacement ses droits, n’était cependant pas disposé à les abandonner sans lutte. Il eut l’idée de recourir aux Mahrattes, ces ennemis héréditaires de l’autorité mahométane, et résolut d’aller en personne à Surate pour solliciter leur appui. Là, il rencontra Chunda-Sahib, dont la réputation lui était bien connue ; ces deux hommes comprirent qu’ils pouvaient se rendre de mutuels services, et s’entendirent bientôt pour réclamer des secours matériels des Mahrattes et la mise en hberté sans conditions de Chunda-Sahib.

Les négociations entamées à ce sujet paraissaient promettre une issue satisfaisante, lorsque Chunda-Sahib, qui n’avait en réalité qu’un fort mince désir d’être aidé par ses anciens ennemis à reconquérir le Carnate, communiqua tous les détails de ce plan à Dupleix, avec lequel il entretenait une correspondance suivie par l’entremise