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DUPLEIX OFFRE LA PAIX À NAZIR-JUNG

débarrassés de ce prince sans honneur et sans foi. D’un autre côté, leur admiration mêlée de crainte pour la nation française, et en particulier pour ce vaillant homme d’État qui en dirigeait si habilement les affaires, donnait aux propositions de Dupleix une influence à laquelle ils ne purent résister. Les deux partis en arrivèrent donc à une convention secrète stipulant que, si Nazir-Jung persistait à fermer l’oreille aux propositions de Dupleix et se décidait à marcher contre les Français, les nobles mécontents s’éloigneraient avec leurs troupes de leur seigneur suzerain et se rangeraient à peu de distance sous l’étendard de la France. Les moindres détails furent si bien prévus, qu’un drapeau français fut secrètement remis aux conspirateurs pour être hissé en temps opportun, sur le dos d’un éléphant, dans la partie la plus en évidence du camp. D’autres arrangements cachés furent encore conclus entre Mozuffer-Jung et les conjurés, mais sans que Dupleix y eût part. Il n’est guère douteux que la mort du soubab était chose convenue entre eux, ainsi que le partage de ses trésors outre Mozuffer-Jung d’une part et les conjurés de l’autre.

Cependant Nazir-Jung avait fait des réflexions. Les embarras que pouvait lui causer son armée, la crainte de se trouver engagé dans une guerre qui pouvait se prolonger et dont l’issue était douteuse contre un ennemi qu’il craignait, et, pardessus tout, l’interruption de ses plaisirs favoris que cette campagne entraînerait nécessairement, l’amenèrent à examiner de nouveau les conditions proposées à plusieurs reprises par Dupleix. Jusqu’ici il n’y avait fait aucune réponse ; mais, quand les beaux jours du commencement de décembre lui annoncèrent que le moment arrivait où il ne serait plus possible d’éviter une rencontre, il se détermina à tout abandonner, à mettre Mozuffer-Jung en liberté, à céder Mazulipatam, à nommer Chunda-Sahib, à faire en un mot toutes les concessions qui lui rendraient la liberté de s’abandonner aux plaisirs. Il écrivit à Dupleix qu’il acceptait ses conditions, et fit porter sa lettre par trois de ses officiers munis de pleins pouvoirs pour négocier et signer le traité. Dupleix, qui se souciait peu avec qui il concluait le traité pourvu que ses propositions fussent acceptées, reçut les offres de Nazir-Jung et envoya au