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L’INDE FRANÇAISE À SON ZÉNITH

grand-père ; la nomination le Chunda-Sahib à la nababie d’Arcate, et la cession irrévocablo de Mazulipatam aux Français. Il est probable que Nazir-Jung n’aurait pas été fort récalcitrant pour les deux dernières, mais la délivrance de Mozuffer-Jung équivalait à une reprise de guerre civile, et plutôt que d’y consentir, il préféra tenter la fortune. Ayant réuni ses officiers à Arcate, il se mit à la tête de soixante mille fantassins, quarante-cinq mille chevaux, sept cents éléphants et cinq cents canons, et marcha dans la direction de Gingi. Mais quand il arriva à douze milles des Français qui, après avoir fait une ou deux étapes sur la route d’Arcate, étaient revenus sur leurs pas en apprenant que l’ennemi approchait de Gingi, les pluies périodiques commencèrent à tomber avec une telle violence, qu’il devint impossible de faire aucune manœuvre utile en présence de l’ennemi. Il en résulta une inaction forcée qui dura jusqu’au commencement de décembre ; l’armée française demeura campée à environ trois milles de Gingi d’où, pendant plusieurs semaines, elle tira ses vivres. Quand ses approvisionnements furent épuisés, elle en reçut directement de Pondichéry, grâce aux sages arrangements pris par Dupleix et en dépit de l’état du pays. Nazir-Jung, de son côté, fut obligé de rester dans une position des plus incommodes, resserré entre des cours d’eau grossis par les pluies, et ne pouvant se procurer qu’à grand’peine les vivres nécessaires.

Ces deux mois de trêve forcée furent utilement employés par Dupleix. Il entretenait des correspondances secrètes avec les chefs de l’armée de Nazir-Jung et avait réussi à en persuader un grand nombre, surtout parmi les Patans et les Mahrattes dont l’intérêt était de traiter les Français en amis plutôt qu’en ennemis. Les officiers de ces deux peuples avaient plusieurs raisons d’être indisposés contre Nazir-Jung. Ses débauches sans nombre, sa conduite perfide à l’égard de Mozuffer-Jung après sa promesse solennelle de lui accorder la liberté, ses refus réitérés de prêter l’oreille à des propositions de paix, la persuasion qu’avec Mozuffer-Jung pour vice-roi ils jouiraient non-seulemenut de la paix et d’une alliance avec les Français, mais acquerraient beaucoup d’honneurs et de dignités, toutes ces causes se réunissaient pour aiguiser leur désir d’être