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TRIOMPHE DES ARMES FRANÇAISES

de ses canons. Près de lui, sur un autre éléphant, se tenait Mozuffer-Jung, sous la garde d’un officier qui avait pour consigne de le décapiter à la moindre apparence de trahison. Au milieu du combat, le soubab vit quelques-uns de ses officiers se retirer ; il s’informa, et apprit que les nababs patanes, le rajah de Mysore et les Mahrattes avaient ordonné à leurs troupes de s’abstenir de prendre part à l’action. Transporté de colère, il partit sur son éléphant pour aller les menacer, ayant préalablement donné l’ordre de couper la tête à Mozuffer-Jung[1]. Le nabab de Kuddapah, le premier auquel il adressa des reproches, lui répondit avec insolence et ordonna à l’un de ses gens de faire feu sur le soubab. Le coup n’ayant pas porté, le nabab tira lui-même et le frappa au cœur. La tête du soubab fut immédiatement coupée, et mise aux pieds de Mozuffer-Jung, qui avait échappé de si près à un pareil sort.

Telles étaient les nouvelles qu’apportait à M. de la Touche le messager de Mozuffer-Jung, au moment où les Français reconnaissaient avec bonheur leurs couleurs portées par un éléphant qui précédait le corps de troupes pris d’abord pour des ennemis. Le premier soin de M. de la Touche fut d’envoyer aussitôt M. de Bussy, quoique blessé dans le combat, pour féliciter le nouveau soubab de son élévation. De Bussy trouva Mozuffer-Jung monté sur l’éléphant, richement caparaçonné, qui avait appartenu à son rival. Il était déjà reconnu comme vice-roi du Mogol, non-seulement par les nobles conjurés, mais, sauf une insignifiante minorité, par tous ceux qui, quelques heures auparavant, obéissaient encore aux ordres de Nazir-Jung. Dans la soirée du même jour, M. de la Touche se rendit lui-même, suivi des principaux officiers, auprès de Mozuffer-Jung, pour lui offrir ses félicitations ; il fut chargé par lui d’informer Dupleix qu’il n’entreprendrait rien sans ses conseils, et que pour les obtenir il projetait de se rendre immédiatement à Pondichéry.

Pendant que les affaires avaient ainsi marché, Dupleix attendait le retour de l’envoyé qui avait porté l’ordre de suspendre les hosti-

  1. Il ne dut son salut qu’à cette particularité que l’officier chargé de l’exécution était un membre des conspirateurs. — Dupleix.