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MORT DE MOZUFFER-JUNG

coup de lance, et l’instant d’après son antagoniste fut nais en pièces.

La mort de Mozuffer-Jung était un coup terrible, peut-être fatal, pour la politique de Dupleix. En sa personne était frappé le principal soutien de l’alliance française ; l’homme qui avait fait personnellement l’expérience des avantages que pouvaient procurer la sagesse et la valeur des Français, Dupleix perdait son protégé, son ami personnel. Nul autre après lui ne se trouverait dans les mêmes conditions à l’égard de l’Inde française. Si le gouvernement des vastes provinces qu’il n’avait possédées qu’un instant passait aux mains d’un mineur ou d’un ennemi déclaré de la France, tous les engagements pris par Mozuffer-Jung et les avantages qu’il avait promis pouvaient être désavoués et mis à néant. C’est alors que fut mise en évidence la sagesse qui avait dirigé le choix de Dupleix sur de Bussy. Cet officier distingué comprit aussitôt que, pour préserver les intérêts français, il fallait agir et agir sur-le-champ ; qu’il ne fallait pas laisser aux chefs le temps de délibérer sur le choix de leur souverain ; et qu’on devait appeler à ce poste un homme qui leur agréât aussi bien qu’aux Français. Pour arriver à ce résultat, il se mit d’accord avec les principaux officiers de l’armée, pour laisser de côté le fils encore au berceau de Mozuffer-Jung et proclamer vice-roi du Décan Salabut-Jung, frère de Nazir-Jung. Passer du trône à la prison, de la prison au trône, était alors un événement ordinaire dans la vie des princes. C’est ce qui eut lieu pour Salabut-Jung. Il quitta la prison pour devenir le chef de trente-cinq millions de ses semblables !

Le premier acte du nouveau vice-roi fut de confirmer les concessions accordées aux Français par son prédécesseur ; le second fut d’en ajouter de nouvelles. Comme témoignage de sa reconnaissance pour son élévation, il ajouta aux possessions françaises de Masulipatam les territoires dépendant des aidées de Nizampatnam, de Condavir, d’Alemanava et de Narsapore. Il ordonna le rétablissement des factoreries de Yanaon que Nazir-Jung avait détruites, et enfin il oflrit à Dupleix le territoire de Mofousbondur dans le district de Chicacole. Peu de jours après, l’armée se remit en marche, prit d’assaut la forteresse de Kurnoul, résidence du