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L’INDE FRANÇAISE À SON ZÉNITH

nabab décédé ; Salabut-Jung prévint par un présent de deux lakhs de roupies les boslilités dont le menaçait le Maliratte Ballagi-Badgi-Rao ; atteignit Hydérabad le 12 avril, y resta un mois, et fit enfin une entrée triomphale à Aurungabad le 29 juin. Là, en présence de Bussy et de tous les nobles de la province, Salabut-Jung fut solennellement proclamé soubab du Décan, en vertu d’un firman qu’on déclara avoir reçu de la cour impériale de Delhi mais dont l’authenticité a toujours paru douteuse. Nous allons le quitter ici et lui laisser pour quelque temps l’infatigable Bussy, nourrissant de grands projets qui, si les choses avaient bien tourné dans le Carnate, auraient, en leur temps, produit des résultats considérables.

Arrêtons-nous ici un moment pour admirer le développement de la domination française dans l’Inde, arrivée alors à son apogée grâce à l’influence du génie de Dupleix. Un coup d’œil sur la carte de l’Inde nous fera voir quelle immense étendue de pays reconnaissait, au printemps de 1751, la suprématie morale de Pondichéry. Toute la région comprise entre le Vindya et le Kistna, excédant les limites de ce qu’on appelle aujourd’hui le Nizam, était véritablement gouverné par un général français, car une armée française occupait la capitale et l’influence française présidait dans les conseils du soubab. Au Sud du Kistna, le Gouverneur général avait été établi par le vice-roi, nabab de tout le pays et on se rappelle que le Carnate y était compris : son pouvoir moral s’étendait sur Mysore, sur les royaumes de Tanjore, Trichinopoly, Cochin et sur les provinces de Madura et de Tinivelly. S’il n’était pas le souverain déclaré de toutes ces villes, c’est qu’un des principes de sa politique était de toujours se tenir au second plan et de gouverner par les princes du pays. C’était pour cette raison qu’il avait cédé la nababie du Carnate à Chunda-Sahib, se contentant d’exercer sur les autres une influence morale qui équivalait bien à une suprématie ouverte.

Au commencement de 1751, son pouvoir était si bien établi, qu’il ne rencontrait nulle part la moindre apparence d’opposition. Mahomed-Ali avait promis obéissance et s’était engagé à se retirer de Trichinopoly, les Anglais n’ayant plus aucun prétexte d’in-