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LES PREMIERS FRANÇAIS DANS L’INDE

let 1615 des lettres-patentes conférant à la nouvelle Compagnie les privilèges accordés à l’ancienne[1].

La Compagnie se mit activement à l’œuvre. Dans le cours de l’année suivante (1616) deux navires furent équipés et le commandement du plus grand fut donné au commodore de Nets, ancien oilicicr de marine ; le capitaine Antoine Beaulieu qui avait déjà fait un voyage sur la côte d’Afrique, commanda le second. Beaulieu a laissé une relation intéressante des expéditions qu’il fit dans les Indes. La première n’ayant pas absolument échoué, fut alors regardée comme un succès plus positif qu’il ne l’était en réalité. Il paraît que les navigateurs rencontrèrent une grande opposition de la part des Hollandais établis à Java, et comme il y avait dans leurs équipages un nombre considérable de marins hollandais, le président des possessions de cette nation publia l’ordre à tous les sujets de la République de quitter à l’instant les vaisseaux français, ce qui jeta les commandants dans un grand embarras, et nécessita la vente du vaisseau de Beaulieu qui dut, avec le reste de l’équipage, passer à bord de celui que commandait de Nets. Ils réussirent assez dans leurs transactions commerciales pour que l’expédition ne donnât pas de déficit malgré la perte d’un navire.

Encouragée par ce premier résultat, la Compagnie prépara en 1619 une autre expédition de trois vaisseaux sous les ordres de Beaulieu créé commodore. Les noms de ces vaisseaux étaient : le Montmorency, de quatre cent cinquante tonneaux, portant cent soixante-deux hommtjs et vingt-deux canons, l’Espérance, de quatre cents tonneaux, cent dix-sept hommes et vingt-six canons ; et l’Ermitage, aviso de soixante-quinze tonneaux, trente hommes et huit canons. Ils étaient munis de vivres pour deux ans et demi. Cette flotille partit de Honfleur le 2 octobre 1619 et après un voyage prospère atteignit Achem dans l’île de Sumatra. À Java, qu’ils visitèrent ensuite, Beaulieu eut le malheur de perdre un de ses vaisseaux, l’Espérance ; on soupçonna qu’il avait été coulé par les Hollandais, et pour Beaulieu les soupçons se changèrent en certitude. Quelle qu’ait été la cause réelle, il est toujours certain que

  1. Relation de divers voyages curieux, par Thévenot.