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LES FRANÇAIS INVESTISSENT TRICHINOPOLY

jours, il y eut plusieurs escarmouches, et les Anglais étant tombés dans une embuscade en éprouvèrent un grand dommage. Le troisième jour, Chunda-Sahib attaqua la position des Anglais, et quoiqu’il fût repoussé par suite de la non-arrivée des Français au temps convenu, cette attaque fit une si grande impression sur les Anglais que, dans la même nuit, ils se retirèrent sur les bords du Coleron. Le 25, ayant à leur suite Chunda-Sabib et les Français, ils traversèrent la rivière et prirent possession de l’île de Seringbam, formée par le Coleron et le Cauveri ; mais ne s’y croyant pas encore en sûreté, ils abandonnèrent cette île et la pagode qui y est élevée, position très-forte dans laquelle ils auraient pu, avec l’aide des troupes de la ville, se défendre contre des forces cinq fois plus considérables que les leurs : ils se réfugièrent le 28 juillet sous les murs de Trichinopoly.

Les Français et leurs alliés avançaient toujours, et après avoir passé le Coleron, prenaient possession de Seringbam. Ils complétèrent leur conquête par la capture du fort de Coiladdy, construit en terre, à l’extrémité Est, puis passèrent le Cauveri, et campèrent dans la plaine à l’Est de la ville, près d’une position appelée aujourd’hui le Rocher des Français. De là ils commencèrent une sorte de bombardement de la ville.

Trichinopoly est situé dans une plaine jadis couverte de riches villages et de belles plantations. La ville forme un carré long dont les côtés regardent l’Est et l’Ouest : au Nord, le Cauveri coule à un demi-mille du fort ; la ville, à l’époque qui nous occupe, avait près de quatre milles de circonférence et une double enceinte de murailles flanquées régulièrement de tours ; le fossé avait environ trente pieds de large et moitié moins en profondeur ; selon la saison, il était plus ou moins rempli d’eau. Le mur extérieur, de pierre grise, était épais de quatre ou cinq pieds et haut de dix-huit, sans aucun parapet ni abri ; le mur intérieur, séparé du précédent par une distance de vingt-cinq pieds, était beaucoup plus fort ; sa hauteur était de trente pieds, son épaisseur de même dimension à la base, allait se rétrécissant en gradins jusqu’au sommet, où il n’avait plus que dix pieds de large. Au milieu de cette ville, s’élevait un rocher fort extraordinaire, haut