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DUPLEIX AUX PRISES AVEC L’ADVERSITÉ

gers, découvrir les projets de Clive, et prescrire les mesures qui, bien exécutées, devaient les déjouer. Nous le voyons, loin de se laisser détourner du siège de Trichinopoly par la marche de Clive sur Arcate, presser au contraire ce siège avec d’autant plus d’ardeur, et en même temps opposer aux mouvements de Clive une résistance suffisante pour se donner le temps de mener à bonne fin et sans entraves la grande affaire du moment.

Nous avons laissé Law devant Trichinopoly, à la tête de quatre cents Européens. Dupleix, dès le début de la campagne, avait mis tous ses soins à augmenter ce nombre pour arriver à en faire une force irrésistible ; chaque détachement qui arrivait d’Europe était immédiatement incorporé et dirigé avec tous les individus isolés qu’il pouvait rassembler, devant Trichinopoly. Dupleix était si entreprenant, si ardent et si enthousiaste dans tout ce qu’il faisait, que, dans un espace de temps incroyablement court, Law s’était vu à la tête d’une troupe disciplinés la plus considérable qui eût jamais opéré dans l’intérieur du Carnate, car elle s’élevait, en diff’érentes armes, à près de neuf cents Européens et de deux mille Cipayes disciplinés, tandis que près de lui, campait, prête à le seconder dans ses entreprises, l’armée de Chunda-Sahib, forte de trente mille hommes dont la moitié était de la cavalerie. Il avait, en outre, un parc de cinquante canons, dont plusieurs étaient d’un fort calibre. Les ordres les plus pressants se succédaient de Poudichéry pour qu’il attaquât les ouvrages extérieurs, afin de capturer la place avant que les opérations de Clive se fussent rapprochées. Law s’y conforma, et mit beaucoup d’activité à resserrer le blocus ; mais il se borna là. Cet homme si hardi, si sûr de lui dans le conseil, dont la vie semblait n’avoir d’autre but que de convaincre les autres de sa grande capacité, se montra, à la tête d’une armée, d’une complète ineptie. Tyrannique avec ses officiers, soupçonneux à l’égard de tout le monde, hautain, vaniteux, obstiné, sans initiative par lui-même, et entravant celle des autres, Law ne sut s’attirer ni confiance, ni sympathie. Comme le fait un commandant obstiné qui, ne pouvant voir par lui-même, refuse d’en croire les yeux d’autrui, il laissa échapper toutes les occasions de s’emparer de la ville assiégée ; entêté et incapable, il persista dans des mesures