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AVEUGLEMENT DE LAW

sans utilité, et rejeta les conseils qui l’eussent infailliblement conduit à la victoire. Les Anglais enfermés dans Trichinopoly étaient sous les ordres du capitaine Gingen, dont l’infériorité nous est connue. Ils n’étaient pas animés d’un esprit aussi bouillant que celui qui avait fait surmonter aux soldats de Clive tant de dangers et de difficultés. Ils étaient, au contraire, découragés par la défaite, la retraite et leur réclusion dans une forteresse qu’ils n’avaient plus beaucoup de chances de défendre utilement. Il est à peu près certain qu’un assaut de Law aurait été couronné de succès. Dupleix et Chunda-Sahib ne se lassaient pas de le lui répéter chacun de son côté. Mais, ne se confiant qu’en sa propre sagesse, et méprisant ou afîectant de mépriser les opinions des autres, Law s’attachait aux siennes propres et s’en tenait au blocus qui, selon lui, devait à la longue le faire entrer dans la place. Il faisait preuve d’ailleurs dans la discipline des troupes et la tenue de son camp, d’une négligence et d’une incapacité impardonnables.

Le nabab de Mysore, encouragé par la défense prolongée de Trichinopoly et la diversion de Clive, avait envoyé un détachement de cinq cents cavaliers pour harceler les assiégeants. Non-seulement ils défirent un petit corps de cavalerie indigène, mais ils réussirent aussi, grâce au défaut d’ordre et de discipline qui régnait dans le camp français, et au manque d’activité et de vigilance de son chef, à attirer soixante dragons dans une embuscade, d’où dix seulement purent se sauver. Ce succès les enflamma tellement, que leur chef, Innis-Khan, engagea le capitaine Gingen à marcher avec les Anglais pour attaquer l’armée assiégeante. Si Gingen voulait se charger de combattre les Français, il promettait, pour sa part, de tenir tête à toute la cavalerie de Chunda-Sahib, qui devait lui être supérieure en nombre dans la proportion de douze contre un. Ces propositions furent d’abord repoussées ; mais Innis-Khan, ayant reçu un renfort de mille hommes, revint à la charge et le capitaine Gingen ne se montrant pas disposé à répondre à ce nouvel appel, le commandant mahratte osa lui dire que lui et ses soldats étaient d’une nature bien différente de ceux qu’il avait vus se battre si valeureusement à Arcate[1]. L’opposition du capitaine Gin-

  1. Orme.