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FAUTES DE LAW

fondements de la puissance anglaise et fit en toute occasion preuve de talents militaires du premier ordre, ne rencontra jamais sar les champs de batailles un adversaire d’un mérite même ordinaire.

Voyons maintenant quel parti Law sut tirer des circonstances favorables où il se trouvait. La distance qui sépare Trichinopoly du fort Saint-David est d’environ cent cinquante milles, et la route traverse huit rivières considérables, dont les principales sont : le Valaru, le Coleron, le Veller, le Pudu-Gauveri et le Cauveri ; ce dernier est même traversé à trois reprises ; Law pouvait donc calculer, à peu de chose près, le moment et les moyens d’attaquer un ennemi avec chance de l’écraser. Le passage de ces rivières, larges et rapides, lui fournissait autant d’occasion d’arrêter l’ennemi. Mais il jugea, avec quelque apparence de raison, qu’il courrait moins de risques et amènerait plus sûrement la destruction de l’ennemi, s’il le laissait s’avancer jusqu’à une petite distance de Trichinopoly, afin de l’engager dans une position où sa défaite serait certaine.

Jusqulci, Law avait jugé sainement ; mais dans l’exécution il en fut tout autrement. Au lieu de détacher de son armée un corps assez important pour garantir le succès, il n’envoya, à la rencontre de quatre cents Européens et onze cents Cipayes commandés par un Lawrence et un Clive, que deux cents Européens et trois ou quatre cents indigènes, et cela lorsque, sans compter les troupes de Chunda-Sahib, il avait sous ses ordres neuf cents Européens et deux mille Cipayes. Il aurait pu parfaitement disposer de la moitié de ses forces pour l’opération importante dont il s’agissait. Il aurait été plus à propos de courir le risque d’une sortie de la garnison, commandée, on le savait, par un homme sans initiative, que d’aller au-devant d’une défaite en envoyant contre Lawrence un corps trop faible pour n’èlre pas vaincu. Il pouvait, dans les circonstances présentes, laisser avec sécurité son camp sous la garde d’un quart de son armée, et marcher avec le reste pour écarter Lawrence. C’est ainsi qu’eût agi un vrai général[1] ; mais

  1. La conduite de lord Strathnairn devant Jhansie, en 1857, dans des circonstances analogues, offre un exemple frappant de la manière dont un corps marchant au secours d’une place assiégée peut être abordé et détruit.