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DUPLEIX AUX PRISES AVEC L’ADVERSITÉ

avec la garnison de Trichinopoly, il rappela à la hâte ses détachements disséminés et se prépara trop tardivement à risquer une affaire sérieuse. Cette résolution, prise vingt-quatre heures plus tôt, pouvait sauver son armée, et même lui faire gagner Trichinopoly.

Toute la nuit, les détachements furent en marche pour se rendre au camp ; au point du jour, ils se réunirent pour aller occuper la position qui leur était assignée et par laquelle Law aimait à croire que le général anglais se dirigerait. Le choix de cette position était obligé ; mais malgré les avantages qu’elle présentait, il eut lieu de le regretter. Law était trop près de Trichinopoly pour pouvoir placer ses hommes de manière à barrer la route que devait suivre Lawrence ; cette disposition l’aurait, en effet, exposé à être pris à revers par les troupes de la garnison. Il fut donc obligé de se placer de manière à ne pouvoir être attaqué que de front par ses deux antagonistes. En conséquence, il rangea ses troupes sur une ligne oblique, tirée du village de Chucklepoilam sur le Cauveri jusqu’au Rocher-Français, et plus oblique encore en se prolongeant jusqu’au roc inaccessible d’Elmiséram. La route directe passait entre ces deux positions, et Law pouvait espérer que les Anglais la suivraient avant de tenter une jonction avec la garnison de Trichinopoly.

Mais le major Lawrence était trop prudent pour agir ainsi. Étant parti de grand matin de Killycottah, où il avait passé la nuit, il n’avait pas encore fait un mille, quand il rencontra un officier que lui envoyait le capitaine Gingen pour le mettre au fait des dispositions prises par les Français. Trouvant qu’il avait en main un trop beau jeu pour risquer de le perdre par une attaque prématurée sur une position forte, il prit le parti de contourner Elmiséram dans la direction du rocher appelé le Pain-de-Sucre, et arrivé là, il fut rejoint par deux cents hommes de la garnison, ayant à leur tête les capitaines Clarke et Dalton. Dès lors, la jonction avec la garnison pouvait être considérés comme opérée.

Ce fut à ce moment — où les Anglais ne pouvaient plus être assaillis avec avantage et où ils avaient d’ailleurs, en cas de défaite, la ressource de s’abriter sous les canons du fort — que Law se décida à attaquer. Il le fit faiblement, et malgré l’entrain que les troupes de Ghunda-Sahib mirent à le soutenir, il ne réussit pas. La supério-