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COLÈRE ET HUMILIATION DE DUPLEIX

rite de l’artillerie française fut neutralisée par l’énergie de Clive ; et, après une canonnade réciproque, plus terrible que tout ce qu’on avait encore vu dans l’Indoustan, les Français se retirèrent sur leur rocher, ayant perdu quarante des leurs et trois cents indigènes. Ces pertes eussent été plus grandes encore, si l’intensité de la chaleur n’eût forcé le major Lawrence d’abandonner la poursuite[1]. Après avoir repoussé cette attaque, les Anglais atteignirent sans encombre Trichinopoly.

Il n’est pas de mots pour peindre la colère et l’humiliation de Dupleix à la nouvelle de ces événements. C’était donc là le résultat qu’il recueillait pour avoir confié la conduite d’une armée à un officier dont les lettres de créance n’avaient eu pour base réelle que la très-haute opinion qu’il s’était faite de ses propres talents, et qu’il avait su faire partager à tout le monde ! Il voyait toutes ses recommandations méconnues, une prudence inopportune prévaloir quand la nécessité du moment exigeait impérieusement une tactique active et hardie, l’armée anglaise libre, malgré l’encombrement d’un énorme convoi, d’entrer sans opposition sérieuse dans la ville assiégée, car aucun effort puissant n’avait été fait pour l’arrêter avant son arrivée sous les murs de Trichinopoly ! Était-ce pour de semblables résultats qu’il avait formé tant de projets et de si habiles combinaisons ? Les ressources naissantes de l’Inde française n’auraient-elles donc été profitables qu’à l’élévation des princes indigènes ? Ses efforts ne devaient-ils aboutir qu’à laisser passer la supériorité des armes de ses mains à celles de ses rivaux, à se voir enlever la capitale du Carnate, et à être vaincu près du dernier refuge de Mahomed-Ali ? Il était destiné à éprouver encore de plus amers désappointements. Jusqu’ici l’espérance l’avait soutenu au milieu de tant de traverses ; il avait si bien espéré qu’au moment d’agir Law se montrerait réellement ce qu’il se vantait d’être ; il avait surtout si bien compté sur la capture du convoi et la destruction ou au moins sur l’échec du corps destiné à secourir la ville ! Il avait concentré toutes ses facultés vers ce but. Il avait été pour Law l’œil qui voit, l’oreille

  1. Les Anglais, qui étaient abrités, ne perdirent que quatorze hommes par le canon tandis que sept turent frappés par l’ardeur du soleil.