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DUPLEIX AUX PRISES AVEC L’ADVERSITÉ

informa Chunda-Sahib de ce pro jet. Ce fut avec colère et désappointement que ce fidèle allié des Français reçut une telle communication ; ses principaux officiers se joignirent à lui pour s’y opposer de toutes leurs forces. Ils allèrent jusqu’à dire qu’ils préféraient s’exposer à une défaite et même à la mort dans un combat régulier, que de se retirer dans une position où ils seraient assurément forcés de se rendre à l’ennemi.

Mais toutes ces remontrances demeurèrent sans effet sur Law. Ils étaient libres, disait-il, de faire ce qu’ils voudraient ; quant à lui, il voulait se retirer, et il donna ses ordres en conséquence. Chunda-Sahib ne se laissa pas convaincre, mais quoique plein de mépris pour le commandant qui agissait ainsi, il ne voulut pas, dans cette heure terrible, abandonner la nation qui l’avait si longtemps protégé. Il pouvait encore s’éloigner, mais il résolut de suivre la fortune des Français, et passa avec eux le Cauveri. Rien n’étant préparé, la retraite s’opéra avec la plus grande confusion. Les vivres, qui devaient être si utiles aux troupes à Seringham, furent abandonnés ou brûlés ; beaucoup de bagages furent laissés en arrière, et le transport des canons ne se fit qu’avec de grandes difficultés. Enfin, après des labeurs infinis, les troupes de Law et celles de Chunda-Sahib prirent possession de l’île de Seringham. Le premier s’était affaibli en laissant un détachement pour garder le roc d’Elmiséram, qu’il eût été plus sage d’abandonner en même temps que le reste.

Les conséquences de cette retraite ne tardèrent pas à se produire. Ce fut d’abord la prise d’Elmiséram, que le capitaine Dalton opéra le 13 avril après une faible résistance. Ensuite, ainsi que Dupleix l’avait bien prévu, une partie de l’armée anglaise se détacha sur la rive Nord du Coleron, afin de couper toutes les communications aux Français, surtout avec Pondichéry. Ce fut Clive qui suggéra cette ligne de conduite à Lawrence qui, ayant consulté ses alliés à ce sujet, vit avec satisfaction qu’ils y donnaient leur adhésion, pourvu que le commandement des troupes anglaises fût confié au vainqueur d’Arcate. Ceci ayant été convenu, un corps, composé de quatre cents Européens, sept cents Cipayes, trois mille Mahrattes, mille chevaux de Tanjore avec huit pièces d’artillerie,