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DUPLEIX AUX PRISES AVEC L’ADVERSITÉ

Seringham, élait resté à Octatoor, attendant tranquillement les événements. L’événement arriva, mais il n’était pas prêt à en tirer parti. Le capitaine Dalton, après une escarmouche sans résultat devant Octatoor, s’avança contre cette ville. Les exemples récents avaient montré aux Anglais que le moyen le plus sûr d’arriver à la victoire était de marcher droit en avant, afin de frapper le moral de l’ennemi, qui est ainsi à demi vaincu avant d’avoir combattu. Dans cette pensée, Dalton, ne laissant que peu de troupes avec les canons, et envoyant l’infanterie pour attaquer d’Auteuil en flanc, fit un tel déploiement de ses forces, que d’Auteuil se figura avoir en face de lui, non pas un détachement, mais bien toute l’armée de Clive. Sous cette impression, sa présence d’esprit l’abandonna. S’il avait été aussi hardi que Dalton, il aurait pu, en attaquant les canons, décider l’action en sa faveur, mais, l’esprit troublé par la crainte, il se laissa tromper par cet artifice grossier ; et, quoiqu’il eût d’abord repoussé les Anglais d’Octatoor, il abandonna cette place dans la nuit, et s’enfuit sans être inquiété, dans la direction de Pondichéry, laissant Law à lui-même, et procurant ainsi à l’Angleterre un triomphe inespéré.

Pendant que ceci se passait, Law, guettant de la tour de Seringham la marche des troupes de Dilton, conclut que ce devait être l’armée de Clive, et, agissant cette fois avec hardiesse, traversa la rivière avec le gros de ses forces, dans l’espoir de gagner Samiavéram. Mais Clive n’était pas homme à s’exposer deux fois au danger d’être surpris. Il marcha aussitôt à sa rencontre, et le joignit au moment où il venait de passer le Coleron. Ce n’était pas à Clive de rechercher le combat : l’ennemi était déjà dans ses filets ; une bataille seule aurait pu l’en délivrer. De l’autre côté, tout devait pousser Law à engager une action ; c’était, nous l’avons dit, sa seule ressource, et cette fois il avait l’avantage du nombre. Mais il ne se battit pas, et, malheureusement pour la cause de la France, il ne rentra à Seringham que pour capituler.

La prise de Pitchandah, pagode fortifiée sur la rive Nord du Coleron, en face’de Seringham, compléta sa défaite, et lui enleva les moyens qu’il avait encore de communiquer directement avec Pondichéry. Après cette capture, Clive, pour ôter aux Français