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SOUMISSION DE D’AUTEUIL À CLIVE

tout espoir de voir d’Auteuil leur amener des renforts, se mit à la recherche de cet officier, et, l’ayant rencontré à Volconde, dont le gouverneur avait été secrètement acheté par les Anglais, le contraignit de se rendre avec ses troupes.

Ainsi dépouillé de sa dernière espérance, que pouvait désormais faire l’infortuné Law ? Il savait bien dans son for intérieur où tendaient les derniers événements, et depuis plusieurs jours il était bien convaincu qu’il n’avait le choix qu’entre deux partis, ou forcer le passage pour se retirer, ou se rendre. Dans des circonstances semblables, les hommes de cœur agissent ; mais les petits esprits se laissent influencer par la moindre rumeur, quelle qu’en soit la source, et sont toujours enclins à se persuader que, peut-être, sans qu’on sache comment, tout finira bien. Tel était le cas avec Law. Il se laissait abuser par toutes sortes d’illusions ; pendant longtemps il compta sur l’arrivée de d’Auteuil, puis il espéra des renforts de France, puis une chose, puis une autre. Il semble qu’il ne se soit jamais douté que l’énergie a été donnée à l’homme pour qu’il en fasse usage ; qu’il n’y a pas de conjoncture si critique dont cette qualité ne fasse trouver l’issue, et que celui qui s’en remet au hasard n’est pas digne du nom d’homme. S’il avait osé regarder la situation en face, il aurait compris plus tôt que, s’il ne s’échappait pas, il faudrait se rendre. Ses provisions diminuaient rapidement, ses alliés indigènes désertaient par centaines, mais il lui restait ses Européens. Au commencement de juin, il en avait encore huit cents, plus deux mille Cipayes disciplinés et trois ou quatre mille hommes de levées indigènes demeurés fidèles à Chunda-Sahib. Avec ces forces, bien supérieures à celles du major Lawrence, il pouvait facilement profiter de cette supériorité pour attaquer le camp de cet officier, et après s’en être emparé, il pouvait sans être inquiété se frayer la route de Karical. Ce fut en vain que Chunda-Sahib le conjura à plusieurs reprises d’avoir recours à ces moyens. Tout fut inutile : Law ne put prendre un parti ; il attendit les événements, se confia au hasard, et… fut perdu.

Il ne faut cependant pas supposer qu’il restât indifférent à la pensée du sort qui attendait ce fidèle allié des Français. Law savait bien que sa soumission au triomphant Mahomed-Ali aurait une