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DUPLEIX AUX PRISES AVEC L’ADVERSITÉ

Par sa propre expérience, par ses relations intimes avec les princes indigènos, Dupleix savait que l’arme la plus sûre pour désorganiser leurs alliances, était la victoire : vaincus, ils sont en apparence tout prêts à sacrifier leurs plus justes prétentions s’ils peuvent arriver ainsi à se ménager quelques espérances pour l’avenir ; mais si la fortune vient à changer, ils montrent un oubli complet de leurs concessions passées, et élèvent leurs demandes jusqu’à l’exagération. Si tel était le cas lorsqu’un seul chef était allié avec un pouvoir européen, que serait-ce maintenant que trois ou quatre de ces princes jouissaient de cette position avantageuse ? Chaque allié mesurait ses exigences sur celles de son rival, et il était indubitable qu’il en résulterait de fréquentes collisions. Dans la guerre qui venait de finir, Mahomed-Ali, rival de Chunda-Sahib, avait été secouru par trois alliés, le rajah de Mysore, celui de Tanjore et les Mahrattes ; aussi longtemps qu’il parut certain que Mahomed-Ali et ses alliés les Anglais triompheraient, — conclusion que l’intelligence déliée des indigènes tira de l’incapacité manifeste de Law dès les premiers temps de la lutte, — il fut évident pour Dupleix que toutes les tentatives qu’il pourrait faire pour les ramener à lui seraient sans effet. Quoi qu’il en fût, il conserva des représentants indigènes dans leurs cours, et leur envoya de temps à autre des instructions sur la conduite à tenir selon les circonstances. Ce fut alors, quand la fortune se déclara contre lui, qu’il n’eut plus de troupes et pas un allié, qu’il mit en œuvre ces artifices dont mieux que personne il connaissait l’emploi. Il ne s’attaqua pas tout d’abord à Mahomed-Ali. Les Anglais agissaient au nom de ce prince, et il savait bien qu’ils s’attacheraient particulièrement à la défense de ses intérêts. Parmi les autres membres de l’alliance, les Mahrattes étaient les plus influents, et c’est avec eux que Dupleix entama de secrètes négociations, au moment même où le gouvernement qu’il représentait était descendu au plus bas dans l’estime du monde.

Il réussit si bien, qu’en peu de temps Mahomed-Ali, et ses alliés les Anglais, reconnurent que la reddition de Law était l’unique résultat qu’ils eussent retiré de leur victoire. Ils virent que lanimosité des Mysoriens contre Mahomed-Ali et celle de Morari-