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IL TIENT TÊTE À l’ORAGE

Rao contre les uns et les autres, mettrait obstacle à cette entente qu’on avait espéré obtenir sur le cbamp de bataille ; d’un autre côté, les Tanjoriens, fatigués d’un service qui leur promettait si peu de profit, se mutinaient pour retourner dans leur pays. Les intrigues secrètes furent si actives et la méfiance réciproque était si mal déguisée que, quoique Law se fût rendu le 11 juin, ce ne fut que le 9 du mois suivant que le nabab et les Anglais purent quitter Trichinopoly, et même alors on dut y laisser deux cents de ces derniers et quinze cents Cipayes, pour y tenir garnison et protéger la ville contre les Mysoriens et les Mahrattes, ses alliés de la veille.

Le temps que Dupleix gagna ainsi et la discorde qu’il avait semée dans le camp ennemi, lui furent extrêmement utiles. Cette époque coïncida avec l’arrivée à Pondicbéry des renforts envoyés annuellement de France. Il est vrai que les hommes qui arrivèrent cette année n’étaient pas de premier choix : Dupleix lui-même affirme que c’était de la plus vile racaille ; mais enfin c’était un noyau qu’on pouvait augmenter, et dans ce but on débarqua les marins de la flotte et on les remplaça par des Lascars. Par ces moyens, il se trouva pourvu d’un corps de cinq cents soldats européens capables de figurer convenablement aux yeux des pouvoirs indigènes. Pour arriver à ces résultats, il avait puisé dans sa caisse particulière et utilisé toute sa fortune pour la cause de sa patrie. Une occasion se présenta bientôt de grandir encore l’opinion des indigènes quant à l’importance de ses ressources, et de montrer clairement aux princes voisins que Pondicbéry n’était pas encore conquis. Harcelés par les alliés indigènes et par les intrigues fomentées autour d’eux, les Anglais n’avaient fait que peu de progrès depuis qu’ils avaient quitté Trichinopoly. Ils prirent bien Tiruvadi, défendu par une petite garnison de Cipayes français ; mais depuis ce moment, leurs’conseils devinrent aussi incertains que l’avaient été ceux des Français deux mois auparavant. Le major Lawrence était parti pour cause de santé ; Clive était retourné pour la même cause au fort Saint-David, et le commandement des troupes était dévolu à l’incapable Gingen. Cet officier restant inactif à Tiruvadi, le gouverneur Saunders lui envoya,