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RETOUR DE LA FORTUNE

duite à tenir, quand il fut informé que les Français avaient pris possession de Vieravandi, en arrière de lui, et lui coupaient les communications avec Tiruvadi. Kinneer, agissant en vrai soldat, se retourna aussitôt pour attaquer ce nouvel ennemi, et enhardi par les succès répétés des Anglais, ne prit pas le temps de faire une reconnaissance, mais marcha droit à la position française. Pour attirer les Anglais devant le point le plus fort, l’officier français, M. de Kerjean, neveu de Dupleix, commanda un semblant de retraite. Les Anglais, avançant résolument, se trouvèrent bientôt sous le feu des canons ennemis, que leur masquait un mur extrêmement fort. Kinneer fut blessé, les Cipayes anglais reculèrent, et les troupes blanches elles-mêmes commencèrent à chanceler. À ce moment, Kerjean les attaqua par le flanc avec cent soldats français ; cette manœuvre fut décisive. Les Anglais se retirèrent après une courte résistance, laissant quarante morts sur le champ de bataille.

À peine deux mois s’étaient écoulés depuis les revers terribles et en apparence irréparables causés par l’incapacité de Law, et déjà Dupleix ramenait la victoire sous les étendards français, et recouvrait son influence auprès des princes indigènes du Carnate. Cet effet s’augmenta encore par la capture faite, peu de temps après, d’une compagnie de Suisses mercenaires employés dans les hautes mers par les Anglais, sous les ordres du capitaine Schauf. Les Anglais dénoncèrent cet acte comme contraire au droit des nations, les deux pays n’étant pas en guerre ; mais Dupleix répliqua avec hauteur qu’il usait du même droit en capturant les soldats anglais sur les mers, que les Anglais en prenant des soldats français sur terre ; que d’ailleurs ici il n’agissait que pour sa propre défense, puisque ces soldats n’avaient été envoyés sur mer que pour être plus à portée d’attaquer les possessions françaises de la côte. La justesse de cette réponse ne pouvait être mise en doute.

Ce fut vers cette époque que Dupleix reçut du soubab du Décan, Salabut-Jung, une patente contenant la nomination officielle de nabab du Carnate et de toute la contrée au Sud du Kistna, et le reconnaissant comme possesseur de tous les autres honneurs qui