Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
280
DUPLEIX AUX PRISES AVEC L’ADVERSITÉ

lui avaient été conférés par Mozuffer-Jung. Salabut-Jung l’informait en même temps que l’empereur Alimed-Shah lui enverrait incessamment une ambassade avec le firman impérial de confirmation. En vertu de l’autorité qui lui était ainsi reconnue, Dupleix nomma Rajah-Sahib, le fils de Chunda-Sahib, pour occuper ce poste sous lui ; mais ayant bientôt reconnu que ce jeune homme avait plus de penchant pour les plaisirs et la fainéantise que de goût pour la guerre, il entra en pourparlers avec Mortiz-Ali, le gendre et le plus proche parent de Dost-Ali. Mortiz-Ali répondit à ces ouvertures ; il consentit à faire une avance considérable d’argent, et à lever des troupes pour soutenir son titre. Ce fut aussi dans ce même mois que les Directeurs de la Compagnie écrivirent à Dupleix pour lui exprimer leur complète satisfaction de sa conduite, et l’informer que, sur leurs sollicitations, il avait plu au roi de lui conférer le titre de marquis, réversible en ligne directe sur ses descendants. Le même navire lui apportait les félicitations de tous les hauts fonctionnaires sur cette distinction bien méritée, et l’assurance de leur adhésion à la politique adoptée par lui. Tandis que ses espérances renaissaient par le succès de Vicravandi, Dupleix reprenait ses négociations avec les Mysoriens et Morari-Rao, et les pressait de se déclarer ouvertement en sa faveur. Ils y consentirent, à la condition qu’il occuperait le gros de l’armée des Anglais, afin qu’ils pussent être libres de poursuivre leurs projets sur Trichinopoly. Pour ce but, Dupleix donna à Kerjean tous les renforts qu’il put, et l’envoya resserrer le blocus du fort David, de manière à empêcher toute coopération possible des Anglais avec leur détachement de Trichinopoly. De cette façon, Kerjean se trouva à la tête de quatre cents Européens, quinze cents Cipayes et cinq cents cavaliers indigènes.

La nouvelle de ce mouvement hardi arracha le major Lawrence de son lit de douleur. Il se rendit par mer au fort, et y arriva le 27 août ; le lendemain matin, il marcha avec quatre cents Européens, dix-sept cents Cipayes et quatre cents hommes des troupes de Mahomed-Ali pour reconnaître la position française. Malgré sa force, il résolut de l’attaquer le jour suivant. Mais Kerjean, ne se sentant pas assez certain du résultat probable du combat, se replia