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LE DÉCAN

plus une très-petite partie de Bijapore ; la langue de terre, longue de cent cinquante milles qui borde la côte orientale et est connue sous le nom de Carnate était dans sa dépendance. La côte occidentale était au pouvoir des Mahrattes, à l’exception des possessions anglaises et portugaises.

Aurengzeb exerçait les fonctions royales du Décan, lorsqu’il fut atteint de la maladie qui causa sa mort, le 21 février 1707. L’autorité passa alors aux mains de son fils Azim-Shah, qui avait auprès de lui Zoulfikar-Khan, le meilleur officier du dernier empereur. Quand Shah eut été défait et tué à Agra par son frère, le sultan Moazzim, ce dernier apprécia si bien les talents du général qu’il avait combattu, qu’il le nomma aussitôt nabab du Décan, et lui conféra en même temps le titre d’émir Oul-Amra. Mais Zoulfikar préférait les intrigues de la cour de Delhi à une paisible viceroyauté. Il accepta bien l’emploi ; puis, en ayant confié les fonctions à Daoud-Khan-Puni, il vécut à la cour de Moazzim, qui avait pris le titre de Bahadour-Shah. Ce prince étant mort en 1712, Zoulfikar trouva une occasion d’utiliser la basse adresse qui lui était habituelle. Il la saisit aussitôt, et si ardemment, qu^il éprouva bientôt le sort ordinairement réservé aux intrigants sans principes. Il livra par trahison l’empereur Jehandar-Shah entre les mains de son neveu Farokhsir, et ce nouveau souverain le fit aussitôt étrangler. Zoulfikar fut remplacé dans le gouvernement du Décan par Cheyn-Koulich-Khan, qui reçut à cette occasion le titre de Nizam-oul-Moulk, perpétué parmi ses descendants qui gouvernent encore aujourd’hui le Décan.

Nizam-oul-Moulk, connu aussi sous le nom de Asof-Jah, était encore soubab du Carnate lorsque commença la première lutte de suprématie entre les Français et les Anglais dans cette contrée. Nous avons vu comment au début il imposa sa loi aux parties belligérantes, en nommant, après le meurtre de Seid-Mahomed-Khan, son fidèle Keutenant Anwaroudin, nabab du Carnate. Nous avons raconté sa mort, les conséquences qui en résultèrent, l’avénement de son fils Nazir-Jung, son alliance avec les Anglais, sa mort à la bataille de Gingi, l’installation de son neveu Mozuffer-Jung, sa mort au moment où il venait de vaincre les nababs révoltés ; et