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NOUVELLES TENTATIVES À MADAGASCAR

Compagnie paraissait ne demander qu’une direction ferme et régulière pour obtenir un grand succès. Néanmoins les premiers actes ne furent ni bien conçus ni couronnés de succès. Pleins du souvenir de la tentative qui avait été faite en 1642, à Madagascar, où un établissement était toujours regardé comme le préliminaire indispensable d’un voyage aux Indes encore inconnues, les directeurs de la nouvelle Compagnie conçurent l’idée qu’en y transportant quelques colons, ils y pourraient encore recueillir quelque fruit des travaux de leurs prédécesseurs. Ils dirigèrent donc leur première expédition sur Madagascar. Le 7 mars 1665, quatre grands vaisseaux armés pour la guerre aussi bien que pour le commerce, et montés de cinq cent vingt hommes, firent voile du port de Brest et arrivèrent à Madagascar le 10 juillet suivant. Le premier acte des colons fut de changer le nom de Saint-Laurent, donné à l’île par les Portugais, en celui d’île Dauphine, en l’honneur de l’héritier présomptif alors âgé de quatre ans. Mais cela ne devint qu’un mince honneur pour le Dauphin, car ils reconnurent bientôt qu’au lieu d’éviter les méprises de leurs devanciers, ils étaient eux-mêmes tombés dans des erreurs identiques ; ils virent que leurs labeurs étaient entravés par trois causes : Le climat, la nature du soi et l’hostilité des indigènes qui avait encore pour fâcheux résultat de les tenir continuellement sur le qui vive, exposés au danger et à la fatigue. Leurs soufirances furent si grandes et prouvèrent si bien que l’entreprise était sans espoir, que la Compagnie, après avoir longtemps envoyé des renforts à la colonie, résolut enfin d’abandonner toute pensée d’un établissement permanent à Madagascar, et de tourner son énergie d’un autre côté. Le départ des colons fut encore précipité par le succès des indigènes, qui réussirent, en 1672, à surprendre le fort Dauphine, et massacrèrent le plus grand nombre de ceux qui étaient renfermés dans ses murs. Après cette déception, quelques-uns des colons partirent pour l’Inde, d’autres se contentèrent de former un petit établissement dans l’île de Mascarenhas, située, comme Cerné, un peu à l’est de Madagascar. Ces îles ont été depuis lors bien connues, d’abord sous les noms d’île de France et d’île Bourbon, et ensuite sous ceux de Maurice et de la Réunion. L’île Maurice, ou Cerné, avait été décou-