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CHUTE DE DUPLEIX

leur subsistance. Ce service fatiguait son armée, découragée d’ailleurs par les pertes que lui causaient les escarmouches continuelles avec les Mahrattes.

Pendant trois mois, cet état de choses ne subit guère de changement ; les Français et les Mahrattes sortaient continuellement de leur poste inexpugnable pour surprendre l’ennemi. Le 12 avril en particulier, les forces anglaises revenaient du fort Saint-David à Tiruvadi, accompagnant un convoi ; elles furent entourées par l’ennemi, et n’échappèrent à un grand danger que par l’habileté de Lawrence et la faute que commit le bataillon français en abandonnant à la hâte un défilé qu’il aurait dû garder. Le même jour, Lawrence ayant reçu de Madras cent Anglais et cent Suisses, résolut de tenter de mettre un terme à cette déplorable situation en attaquant le retranchement français. Le lendemain, il fit une reconnaissance dans cette direction, et éleva, en face de l’ouvrage français, une batterie où il établit deux pièces de vingt-quatre. Mais voyant le peu de dommage qu’elles causaient, et s’étant rendu compte de la force du retranchement, Lawrence renonça à une entreprise qu’il jugeait au-dessus de ses forces.

Ces trois mois, pendant lesquels les principales forces anglaises étaient ainsi employées à un service d’escortes, avaient été utilisés tout différemment par les parties belligérantes à Trichinopoly. Cette ville, après la soumission de Law, avait été laissée par le commandant anglais à la garde du capitaine Dalton, ayant sous ses ordres deux cents Européens et quinze cents Cipayes. Le régent de Mysore ayant échoué dans une tentative pour surprendre la ville, après le départ de Lawrence, s’était retiré avec ses troupes à Seringham. De là il entra en correspondance avec Dupleix, tout en continuant de témoigner son amitié à Mahomed-Ali et aux Anglais. Mais quand la jonction de Morari-Rao avec les Français et sa participation à l’attaque des convois de vivres ne laissèrent plus de doutes aux Anglais sur ses intentions hostiles, M. Saunders résolut de ne plus le ménager, et envoya à Dalton des instructions pour qu’il le traitât en ennemi.

Les douze mois d’opérations militaires devant Trichinopoly, dont nous allons donner un récit succinct, furent féconds en conséquences