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LAWRENCE VAINCU PAR LES FRANÇAIS

soixante. Pour les seconder, il avait encore deux mille Cipayes disciplinés et quatre mille cavaliers mahrattes que commandait Morari-Rao. Le major Lawrence, de son côté, disposait de sept cents Européens, deux mille Cipayes et quinze cents cavaliers au service de Mahomed-Ali. La cavalerie des Français avait donc la supériorité du nombre ; elle était d’ailleurs composée des meilleurs éléments. Mais quant au cliifire des soldats européens, l’âme d’une armée, les Anglais avaient un avantage immense[1].

Dupleix résolut de compenser par la rapidité de son action son infériorité numérique. Il trouva dans Morari-Rao uq homme capable de le seconder et disposé à le faire dans ce genre de guerre. Tous deux se concertèrent, et convinrent que, tandis que les Mysoriens, sous le régent Mundéraj, l’oncle de leur rajah enfant, presseraient la ville de Trichinopoly, sur laquelle Dupleix n’avait abandonné aucun de ses plans, Morari-Rao, avec sa cavalerie mahratte et toute l’infanterie française disponible, tout en évitant une bataille rangée, occuperait Lawrence et les Anglais, de manière à ce qu’ils ne pussent donner aucun secours à la garnison assiégée. La reddition de la ville, achèverait, espérait-on, la défaite de Mahomed-Ali et assurerait la supériorité des Français.

Pour exécuter ce plan, les forces combinées des Français sous M. Maissin, et des Mahrattes sous Morari-Rao, quittèrent Valdour le 14 janvier, et se retranchèrent sur le Pounar près Tiruvadi, à sept milles du fort Saint-David, et à une très-petite distance du lieu où d’Auteuil avait défait Cope et Mahomed-Ali en juillet 1750. De ce lieu, qu’ils fortifièrent soigneusement, ils harcelèrent les Anglais, interceptant leurs convois, capturant leurs fourrageurs et rendant très-difficiles les communications de la garnison de Tiruvadi avec celle du fort Saint-David et les habitants du pays environnant. Ce fut en vain que Lawrence chercha à les attirer dans un combat : aussitôt qu’il paraissait, les alliés se retiraient derrière leurs retranchements. Il fut enfin réduit à une telle détresse, qu’il dût employer toutes ses troupes à escorter les convois de vivres indispensables à

  1. C’est dans les Mémoires et la Correspondance de Dupleix, le récit du capitaine Lawrence, les Mémoires de M. Orme et du capitaine Wilks, que nous avons puisé les renseignements donnés dans ce chapitre.