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CHUTE DE DUPLEIX

que celui-ci, effrayé, abandonna volontairement une position impénétrable et laissa ainsi à Dalton la liberté de communiquer avec le pays.

Lawrence reçut la dépêche de Dalton moins de trois semaines après avoir acquis la preuve de l’inutilité d’une attaque contre la position des Français sur le Pounar. Son parti fut pris immédiatement : laissant cent cinquante Européens et cinq cents Cipayes sous le capitaine Chace, pour défendre Tiruvadi, il marcha avec le reste de ses troupes, soit six cent cinquante Européens[1] et quinze cents Cipayes, sur Trichinopoly, par la route de Chillumbrum, Condore et Tanjore. Il ne prit avec lui aucunes tentes, et seulement le bagage absolument nécessaire. En approchant de Trichinopoly, il vit la plaine couverte des cinq mille cavaliers et des trois mille fantassins qui composaient la troupe de Virana ; mais, à sa grande satisfaction, ils ne lui firent aucune opposition, et se retirèrent dans Seringham pendant qu’il entrait dans Trichinopoly, le 17 mai !

Cependant le mouvement des Anglais n’avait pas échappé à l’œil pénétrant de Dupleix. Présumant que leur destination ne pouvait être que Trichinopoly, il envoya deux cents Européens et cinq cents Cipayes rejoindre à Seringham les cent hommes qu’il y avait détachés au commencement de l’année. Il en confia le commandement à M. Astruc, officier plein d’espérances, quoiqu’il n’eût pas encore fait ses preuves comme commandant, et lui ordonna de se diriger par la route de Volconde et d’Ootatoor, qui nous est déjà connue par les opérations de l’année précédente. Dans le camp retranché du Pounar, il restait cent soixante Européens et quinze cents Cipayes sous les ordres de Maissin.

Le 21 mai, les hostilités commencèrent devant Trichinopoly, par un effort hardi du major Lawrence pour attirer l’ennemi hors de Seringham ; après vingt heures de manœuvres infructueuses il se retira[2] avec ses troupes, qui n’avaient que peu souffert, et

  1. Le major Lawrence avait avec lui, au commencement de l’année, sept cents Européens ; deux cents autres le rejoignirent en avril ; si nous en déduisons cent cinquante laissés derrière lui et cent retenus par diverses causes, il lui en devait donc rester six cent cinquante. Là-dessus, il en envoya cent à l’hôpital en arrivant à Trichinopoly et fut encore affaibli par la désertion.
  2. M. Orme attribue cet échec moins à l’habileté d’Astruc qu’au défaut de jugement du capitaine Polier, officier suisse au service anglais. Il reconnaissait cependant les talents militaires d’Astruc.