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LES DEUX PLANS DE BRENNIER

forces surprendre Lawrence et le détruire. Mais malheureusement il partagea son attention entre ces deux projets, au lieu de concentrer toute son énergie sur un seul. Ainsi, pour mieux effectuer le premier, il envoya dans la ville un Français dévoué, nommé Cattans, qui s’engagea à jouer le rôle de déserteur et à profiter de son séjour dans la place pour faire le dessin des défenses intérieures, en indiquant les points faibles dans les fortifications. Il arriva que Cattans fut découvert, et ne conserva la vie[1] qu’à la condition qu’il indiquerait aux Français les points les plus forts comme étant les plus faibles et les plus mal gardés, et cela fut exécuté. Mais il s’était passé tant de temps avant l’arrivée des dessins que, dans l’intervalle, Brennier avait été absorbé par l’exécution de son autre projet d’attaquer Lawrence et de lui enlever un gros convoi de provisions qu’il amenait de son camp près de Tanjore vers Trichinopoly. Il était de la plus grande conséquence pour les Français d’empêcher l’arrivée des vivres.

En conséquence, le matin du 18 août, Brennier quitta son camp et occupa une position qui s’étendait depuis Veyconde, au Sud-Ouest de la ville, jusqu’au Rocher-Français au Nord-Est. Les points occupés déjà par les Français étaient : Weyconde, le Rocher-d’Or, lieu de la défaite d’Astruc, mais dont ils avaient repris possession en l’absence de Lawrence ; à un mille et demi plus loin, le Pain-de-Sucre, et enfin le Rocher-Français. Leur artillerie et leur infanterie étaient fortement postées au Rocher-d’Or et au Pain-de-Sucre ; l’espace qui séparait le Rocher-d’Or du Rocher-Français était couvert d’escadrons de cavalerie ; il y avait un petit détachement à Elmiséram ; Weyconde était tenu par des Cipayes, les intervalles étaient occupés par des masses de troupes irrégulières dont la ligne s’étendait jusqu’au bord du Cauvéri. Dans cette position, et occupant tous les postes importants, Brennier croyait pouvoir intercepter et détruire les troupes anglaises, encombrées comme elles l’étaient par un grand convoi.

Mais les Anglais avaient des avantages qu’il ne connaissait pas. Ils étaient, il est vrai, embarrassés d’un convoi ; mais pendant qu’il

  1. Ce Cattans fut néanmoins pendu comme espion en vue des forces françaises, au retour de Lawrence dans la ville. (Orme.)