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ÉCHEC DE CARON À LA POINTE-DE-GALLE

saire de s’assurer la possession absolue de quelque point à l’abri des attaques des indigènes, et d’en faire le centre des opérations commerciales avec les habitants du continent. Ses propres appréciations, d’accord avec les idées d’Albuquerque, l’ayant conduit à préférer, pour atteindre ce but, l’occupation d’une île, il avait indiqué la côte de Ceylan, dont une partie était alors occupée par les Hollandais, et qui lui paraissait très-convenable pour l’établissement projeté[1]. Il ne manqua pas de faire remarquer les avantages commerciaux que la France devait recueillir en se livrant au commerce des épices, il insinua qu’il avait sondé le roi de Candie au sujet de la dépossession des Hollandais et que le prince était disposé à prêter son concours à l’entreprise. Le projet fut approuvé par Colbert qui mit à la disposition de Caron, une flotte commandée par l’amiral Lahaye, homme de quelque réputation[2] qui avait abandonné les emplois civils pour satisfaire ses goûts aventureux. Ils dirigèrent leur première attaque sur la Pointe-de-Galle, vers la fin de 1672 ; mais, soit que la place fût trop forte, soit que la division qui régnait à bord de l’escadre nuisit à leurs opérations, les Français ne réussirent pas. Ils furent plus heureux à Trinquemale, dont ils s’emparèrent et où ils mirent une garnison ; mais à peine avaient-ils eu le temps de débarquer les canons nécessaires à la défense de la forteresse, qu’on signala une flotte hollandaise de force égale à la leur ; elle s’avançait sous les ordres du Commodore Rylckoff van Gœns[3]. L’amiral Lahaye déclinant la rencontre, laissa la garnison se tirer d’aflaire comme elle pourrait et fit voile pour Méliapore, alors Saint-Thomé, sur la côte de Coromandel. Quoique cette place eût été bien fortifiée par les Portugais à qui les Hollandais l’avaient prise douze ans auparavant, le commandant français réussit promptement à s’en rendre maître après n’avoir perdu que cinq hommes ; mais cet unique résultat

  1. Journal du voyage des Grandes Indes.
  2. Il paraîtrait que la réputation de Lahaye dépassait de beaucoup ses talents ; non-seulement il avait, comme gouverneur général de Madagascar, abandonné les colons quand ils étaient le plus pressés par les indigènes, mais sa conduite dans l’attaque de Ceylan et postérieurement nous semble tout à fait indigne d’un homme revêtu de fonctions aussi élevées.
  3. Annales des Provinces-Unies.