Page:Malleson - Histoire des Français dans l’Inde.djvu/351

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
331
SECONDE BATAILLE DE TRICHINOPOLY

sous le feu bien nourri de l’ennemi, qui en abattit un grand nombre. Lawrence voyant que cela causait de l’hésitation à leur chef, s’élança lui-même à leur tête, et les conduisit à la charge. Dans ce moment Dalton qui, de la tour de Trichinopoly, avait observé la marche du combat, se rendit au plus vite sur le terrain avec deux bouches à feu, et attaqua l’ennemi par derrière. Séparé de son corps principal, qui, pendant ce temps, était resté dans une inaction inexplicable, le petit détachement français se retira sur Weyconde, mais non sans avoir causé et éprouvé de grandes pertes. Brennier qui, en agissant plus tôt, aurait sauvé la journée, sembla revenir à lui quand il vit son détachement battre en retraite, et s’avança pour attaquer les Anglais victorieux. Il était trop tard^ car ses troupes, découragées par la retraite de leurs camarades et la vue des forces anglaises sur leurs deux flancs, refusèrent le combat et retournèrent avec toute la vitesse possible aux Cinq-Rochers, puis de là suivirent leurs camarades en désordre jusqu’à Weyconde. Les cavaliers tanjoriens, qui auraient pu leur faire beaucoup de mal, craignirent d’attaquer les soldats de la France, même pendant une retraite. Ils se contentèrent de réduire Elmiséram, qui n’avait qu’une faible garde.

Cette seconde bataille de Trichinopoly coûta aux Anglais quarante Européens, cent aux Français, et ne prouva pas moins que la première la supériorité qui distinguait le commandant anglais, et le meilleur état moral de ses troupes. Il est difficile d’imaginer une conduite plus inepte que celle de Brennier. Il se laissa duper par une ruse grossière, dont le succès le confondit tellement qu’il parut incapable de donner aucun ordre jusqu’à ce qu’il fût trop tard pour ressaisir la fortune qui lui échappait. On ne doit pas être surpris que les soldats eussent perdu toute confiance en un tel chef.

Pendant cette action, les Français, concentrés dans Weyconde, y avaient élevé des retranchements, comme pour se préparer à le défendre. Lawrence dont les provisions commençaient de nouveau à s’épuiser, s’avança quelques jours plus tard jusqu’aux Cinq-Rochers, et le 4 septembre parut se préparer à attaquer Weyconde. Brennier, complètement démoralisé, ne tenta même pas