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CHUTE DE DUPLEIX

de défendre la place, et se retira en toute hâte et en désordre sur Moutachellinour, sur les bords du Cauvéri, position qui assurait ses communications avec Seringham. Ici, et à sa grande surprise, il fut rejoint par Astruc et un important renfort de quatre cents Européens, deux mille Cipayes, six bouches à feu, plus trois mille hommes d’élite de la cavalerie mahratte. Astruc reprit alors le commandement des troupes françaises.

Ce renfort aurait dû changer le sort de la campagne. Les soldats français qui en faisaient partie, récemment arrivés de l’Île de France, avaient en quelques semaines parcouru le Carnate. Ils n’étaient pas atteints du découragement qui avait envahi leurs frères d’armes, et auraient dû être employés à des manœuvres oflensives, avant que l’abattement qui régnait dans le camp leur eût été communiqué. Mais le mauvais succès avait rendu Astruc prudent jusqu’à l’excès. Trois jours après sa jonction, il conduisit vers le Sud ses forces combinées, et reprit possession des Cinq-Rochers, du Rocher-d’Or et du Pain-de-Sucre, pour revenir au système de blocus qui avait deux fois déjà mis les Anglais dans une position difficile. Lawrence, de son côté, marcha sur Elmiséram, dans le double but de couvrir ses convois et d’effectuer sa jonction avec un nouveau renfort européen attendu incessamment. Dans cette situation, la politique des Français était de se prévaloir de leur nombre supérieur pour attaquer les Anglais. L’occasion était favorable ; Morari-Rao les pressait d’en profiter ; mais la division régnait dans leurs conseils, et Astruc lui-même était opposé à prendre l’épée pour arbitre. Il se consacra donc à intercepter les vivres, à attaquer les convois, tandis qu’il pressait les travaux de fortifications qu’il élevait au Rocher-d’Or et au Pain-de-Sucre ; il servait en ceci la politique de Lawrence. Celui-ci demeura en rase campagne, amusant les Français par de feintes attaques, jusqu’au 27 septembre. À cette époque, il fut rejoint par cent quatre-vingt-sept[1] Européens et trois cents Cipayes. Aussi hardi que son adversaire éîait prudent, il résolut aussitôt de tenter l’assaut des retranchements français, avant qu’ils fussent complétés.

  1. De ce nombre était le capitaine Calliaud, qui s’illustra plus tard dans les guerres Anglo-Indiennes.