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ÉCHEC DE MAINVILLE

de ne pas tirer. Une fois cet ouvrage emporté sans avoir alarmé la garnison, on devait appliquer des pétards, au nombre de deux, et faire sauter la porte de la ville ; ou, si la mine ne réussissait pas, tenter rescalade, les murs n’ayant que dix-huit pieds de haut au-dessus du roc ; les échelles étaient prêtes.

Mainville passa le Cauvéri le 9 novembre, à trois heures du matin, et réussit à arriver au pied de l’ouvrage extérieur sans avoir été aperçu. Les six cents Français montèrent, et surprirent les Cipayes pour la plupart endormis. Si, en ce moment, ils avaient poussé en avant, et obéissant aux instructions de Mainville s’étaient abstenus de toute détonation, rien au monde ne pouvait sauver Trichinopoly. Mais au lieu d’agir ainsi ils se laissèrent pousser par leur mauvais génie à tourner contre la ville deux canons de douze qu’ils avaient chargés. En même temps qu’ils y mirent le feu, ils déchargèrent leurs armes et poussèrent le cri de : Vive le Roi !

Ces détonations eurent pour résultat d’éveiller la garnison. Par ordre du capitaine Kilpatrick, qui la commandait, des détachements se rendirent immédiatement aux postes avancés pour être prêts à recevoir l’ennemi. Pendant ce temps les Français, après leur malencontreuse décharge, se pressaient dans le passage, et, guidés par un déserteur, que suivaient deux hommes munis de pétards, étaient arrivés tout près de la porte dont la disposition exacte n’était connue que du déserteur. Pendant qu’ils arrivaient, les Anglais s’étaient précipités en foule vers la porte, et l’obscurité les empêchant de viser, ils tiraient au hasard dans le passage. Malgré cela leurs premiers coups tuèrent le déserteur et les deux artificiers qui n’étaient plus qu’à quelques pas. Les autres Français, ne sachant pas exactement ce qui s’était passé, commencèrent avec quelque confusion, causée par la nuit, à tenter l’escalade. Les échelles avaient souffert par le feu et par d’autres causes, et il n’en restait qu’un petit nombre en état de servir. Enfin ils les dressèrent, et un officier, précédé d’un tambour et suivi de ses hommes, monta à la première ; le tambour fut tué, l’officier attiré dans la ville et l’échelle renversée. Les suivantes furent traitées de même, jusqu’à ce qu’enfin, les ayant toutes perdues, les Français, exposés à un feu auquel ils ne pouvaient répondre, n’ayant ni cordes ni moyens