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CHUTE DE DUPLEIX

de douze cents pagodes qu’il devait au gouvernement du Carnate ; que Pondémaly et ses dépondances (cent mille écus de revenu) seraient cédés à la Compagnie anglaise, que celle-ci serait remboursée de tous les frais de la guerre, que la Compagnie française donnerait à la Compagnie anglaise toutes les sûretés pour la liberté de son commerce ; qu’en conséquence de ces concessions, la Compagnie anglaise évacuerait les places et pays du Carnate dont elle s’était emparée pendant les troubles ; que Mahomed-Ali serait pourvu d’un gouvernement honorable, dans quelque partie du Décan, sous la garantie mutuelle des deux Compagnies ; qu’il serait déclaré quitte de toutes les sommes dues par lui au trésor du Décan ; que le roi de Tanjore serait maintenu dans la possession de ses États sous la garantie des deux Compagnies. Telles étaient les propositions françaises, extrêmement modérées, même conciliantes dans leur forme extérieure, mais en réalité non moins favorables aux intérêts français que celles des Anglais ne l’étaient pour les leurs propres. Le projet français doit être examiné bien plus dans ce qu’il omettait que dans ce qu’il mentionnait. Il n’y est question ni du soubab, ni du Décan, ni du nabab du Carnate, mais le prétendant à ce dernier emploi étant pourvu ailleurs, l’intention était clairement de sous-entendre que Salabut-Jung était reconnu pour soubab, ainsi que Dupleix nommé par lui nabab du Carnate. De même que la proposition anglaise réclamait tout ce que les Anglais avaient voulu obtenir en combattant, de même Dupleix demandait exactement ce qu’il avait réclamé au début. Les Anglais reçurent les propositions des Français en silence et ne donnèrent aucun signe d’approbation ni d’improbation, mais dans la séance suivante, ils déclarèrent que leurs instructions leur interdisaient de discuter aucun article, avant que ceux qu’ils avaient eux-mêmes présentés eussent été admis par les députés français. Ceux-ci ne voulurent en aucune façon accéder à leur demande. Ils défièrent MM. Vansittart et Palk de leur montrer aucune lettre patente conférant à Mahomed-Ali le titre de nabab du Carnate ; ils leur représentèrent que ce n’était pas un emploi héréditaire ; que le père de Mahomed-Ali avait été nommé par le soubab de son temps, dont les successeurs avaient à sa mort donné cet emploi à