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LES PREMIERS FRANÇAIS DANS L’INDE

Saint-Thomé. Ce gouvernement était déterminé à user du pouvoir qu’il possédait pour rayer la France de la liste de ses rivaux dans le commerce de l’Inde. L’amiral Van Gœns était comblé de récompenses pour l’énergie qu’il avait déployée dans la capture de Trinquemale, ce qui l’excitait à continuer dans la même voie et à mettre fin, par un coup bien dirigé, aux ambitieux projets des Français en Orient.

Les agents hollandais se mirent immédiatement à l’œuvre pour exécuter ces instructions ; leur premier soin fut de s’assurer des alliés indigènes. En conséquence, ils représentèrent au roi de Golconde que la prise de Saint-Thomé avait été de la part des Français une attaque délibérée sur des possessions qu’ils n’occupaient que comme ses vassaux ; que les nouveaux venus étaient d’une race entreprenante et énergique, qui ne se contenteraient pas de posséder un port sur la côte, et que sa sécurité aussi bien que son honneur était intéressée à les chasser. Enfin ils exploitèrent si bien la jalousie et les craintes d’Aboul Hassan, le dernier représentant de la maison de Koutub-Shah, qu’ils obtinrent de lui l’envoi d’un corps de troupes pour assiéger Saint-Thomé par terre pendant que les Hollandais l’attaqueraient par mer.

Les forces combinées firent leur apparition devant Saint-Thomé au commencement de 1674, mais pendant longtemps elles ne firent éprouver aucun dommage aux ouvrages qui défendaient la ville. La garnison ne comptait guère que six cents hommes, restes de l’expédition qui, deux ans auparavant, était partie en si bonnes dispositions pour attaquer la Pointe-de-Galle ; mais quoique réduits à un petit nombre, ils étaient commandés par un chef qui n’avait jamais connu le découragement. Telle fut l’énergie de leur défense, que les Hollandais, reconnaissant au bout de quelques semaines l’inutilité de leurs efforts, résolurent de débarquer un corps de troupes destiné à seconder l’armée de Golconde. Ils réussirent ainsi à serrer de près la garnison ; les Français ayant consommé toutes leurs provisions et hors d’état de s’en procurer de nouvelles, furent contraints de se rendre. Ils obtinrent des conditions favorables, car il leur fut permis de sortir avec les honneurs de la guerre, et de