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GODEHEU ET DE LEYRIT

ce que les Anglais conservassent cette ville, dont l’importance était unique. Comme à ce moment le résultat de la négociation avec les Anglais dépendaitencore entièrement du succès de la campagne, on peut aisément comprendre à quel point les intérêts français étaient en souffrance dans les mains de son représentant. C’est de cette campagne que nous allons maintenant nous occuper.

Mainville remit le commandement à de Maissin le 16 août 1754. On savait depuis longtemps que le major Lawrence n’attendait que la conclusion d’un arrangement avec le frère aîné de Mahomed-Ali, Maphuz-Khan, qui lui donnerait son aide, pour tenter de faire entrer sous escorte un convoi dans Trichinopoly. Mainville avait les avis les plus positifs sur les mouvements de ce convoi, et il avait pris tous ses arrangements pour l’intercepter. Trois jours avant de quitter le commandement, il apprit que le convoi, escorté de douze cents Anglais, trois mille Cipayes et quatorze pièces de campagne, était arrivé à un village à six milles à l’Est d’Elmiséram, et qu’il chercherait à forcer le passage le lendemain matin entre le Painde-Sucre et le Rocher-Français. Mainville, qui avait employé les deux derniers mois à reconnaître le terrain, informa aussitôt son successeur du mouvement projeté, et le pressa fortement d’aller immédiatement prendre possession du cours d’eaù qui sortait du Gauvéri, dont la rive la plus rapprochée commandait tout le pays au delà. Il lui indiqua aussi deux officiers, MM. Gaudart et Aumont, qui connaissaient parfaitement le pays, et auxquels il avait confié ses projets. Maissin reçut ces communications avec un plaisir apparent, et se mit en marche dans le but ostensible d’en tirer parti. Mais il ne fut pas plus tôt arrivé au Pain-de-Sucre, qu’obéissant à ses instructions secrètes, il rangea ses troupes en avant auprès d’une fontaine, et, laissant libre le cours d’eau, attendit l’approche de l’ennemi. Quand parut Lawrence, dont le convoi défilait à sa droite, aussi tranquillement qu’en un jour d’exercice, et qu’il ouvrit le feu d’une batterie élevée par lui sur la rive escarpée du cours d’eau, Maissin refusa le combat, et se retira sans avoir brûlé une amorce[1]. Pendant que ceci se passait, un officier mysorien, Hyder

  1. Mainville.