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DE LEYRIT PORTE UN GRAND COUP

problablement ses amis autant que ses ennemis ; et après trois semaines de négociations, il s’estima heureux d’acheter l’éloignement de ces derniers par le payement d’une somme de quatre cent mille roupies.

Trois cent vingt Français avaient été envoyés à de Bussy dans le mois de juillet, et en octobre la flotte anglaise partit pour le Bengale, de sorte que les deux antagonistes se trouvèrent trop faibles pour qu’il y eût apparence de voir les hostilités se renouveler. Mais les Anglais eurent l’occasion d’apprécier quel inconvénient il y avait eu à mettre à la tête des affaires du Carnate un homme tel que Mahomed-Ali, sans capacité et sans valeur personnelle. Dès janvier 1757, ils se trouvèrent dans la nécessité de lever de nouvelles contributions sur Madura et Tinivelly ; et Calliaud, qui commandait alors Trichinopoly, reçut l’ordre de se rendre dans ces districts avec la plus grande partie de sa garnison. Il partit pour Tanjore à la tête de cent quatre-vingts Européens, mille Gipayeset six pièces de canon, dans le but de demander au rajah son appui pour cette expédition. Le rajah et ses ministres, fatigués de contribuer à des succès qui ne profitaient qu’à leurs alliés, refusèrent leur coopération, et Calliaud, apprenant que les Polygares révoltés ravageaient le district, marcha sans délai sur Tinivelly. Il y fut retenu quelque temps par des difficultés d’argent et de vivres et ce ne fut que le 10 avril qu’il repartit pour Madura. Le 1er mai, à trois heures du matin, il tenta de prendre la ville par surprise ; mais ayant été repoussé, il campa au Sud-Ouest pour attendre l’arrivée de deux pièces de dix-huit qu’il avait envoyé demander à Trichinopoly. Au lieu de voir arriver ces canons, il reçut, dans l’après-midi du 11, l’étonnante nouvelle que les Français, profitant de son absence, attaquaient Trichinopoly ! Une dépêche semblable rappelait à Madras le colonel Forde, qui, à la tête de cent Européens, cinquante-six Africains, trois cents Xipayes et dix mille auxiliaires, avait, jusqu’alors sans succès, tenté de prendre Nellore, que le frère de Mahomed-Ali défendait contre ce prince.

Le moment été arrivé où de Leyrit allait se sentir le pouvoir d’exécuter les plans qu’il méditait depuis longtemps déjà. La guerre, qui depuis deux ans semblait imminente entre la France et